Et si les villes finançaient le sport sur ordonnance ?
C’est la proposition que nous avons choisi de décrypter cette semaine. Elle a été publiée par Marcus Franceschi, à Nice, et a récolté 33 votes sur notre plateforme
Il faut que les communes participent au financement du sport sur ordonnance comme cela se fait déjà à Strasbourg. »
C’est la proposition que nous avons choisi de décortiquer cette semaine. Elle a été déposée par Marcus Franceschi de Nice sur « Moi, maire » (elections.nicematin.com) et a déjà récolté trois votes sur notre plateforme.
Pas de remboursement par l’Assurance maladie
Déjà, qu’est-ce qu’on entend par sport sur ordonnance ? C’est prescrire à des personnes atteintes d’une maladie de longue durée (cancer, diabète, Parkinson, etc.) une activité physique adaptée.
Autrement dit, compléter le traitement médicamenteux avec des séances de sport type marche, renforcement musculaire, natation, gymnastique...
Cette initiative est rentrée dans la loi avec le décret du 30 décembre 2016, pour une mise en application le 1er mars 2017. Strasbourg est la première ville française à avoir lancé ce dispositif dès 2012. Concernant le financement, qui est le coeur de la proposition déposée sur notre plateforme, c’est flou. Le décret ne précise pas les modalités de prises en charge ou de remboursement des séances de sports prescrites sur ordonnance. En clair ? L’Assurance maladie ne prend pas en charge ces activités physiques, malgré des réflexions sur le sujet. Il faut donc se tourner vers son assurance ou sa mutuelle. Et là, c’est à l’appréciation de chaque organisme.
Pareil pour les communes ou collectivités locales. Certaines ont mis en place une aide financière, d’autres non. Il n’y a pas de règle.
Peu de prise en charge dans les A.-M. et le Var
À Strasbourg, ville pilote, les patients peuvent bénéficier du dispositif pendant trois ans. Le coût est entièrement pris en charge par la Ville la première année. Pour les deux suivantes, une participation financière annuelle (20, 50 ou 100 euros) est demandée en fonction du coefficient familial. Quatre communes (Nice, Antibes, Cavalaire-sur-Mer, La Croix-Valmer) faisaient partie, en octobre, du réseau des 71 villes sport santé sur ordonnance.
Nice Acti’Santé, lancée mi-décembre, permet d’accompagner les patients à chaque étape, depuis la consultation chez le médecin jusqu’au suivi. « C’est totalement gratuit », indique Charlène Falzon, chargée de mission sport santé pour la Ville. « Le patient va devoir payer pour les séances de sports mais nous le redirigeons vers des structures où le coût annuel ne dépasse pas 100, 200 euros. » Pour cette docteure en science du mouvement humain, « il faut appréhender l’activité physique (Photo d’illustration Adeline Lebel)
comme une thérapie qui rentre dans le parcours de soins ». «S’iln’y en a pas, la maladie va empirer. Ce n’est pas juste un divertissement mais une thérapie non médicamenteuse », insiste-t-elle.
À Antibes, le maire actuel Jean Leonetti a lancé le Pass’Form Santé dès 2017. En plus de proposer un suivi des patients, cette structure dispense directement des cours. Les 24 premières séances sont gratuites, il faudra après s’acquitter de 288 euros (tarif réduit à 144 euros) pour trois trimestres.
Aviron, tir à l’arc, gymnastique chinoise... Des activités physiques aussi sur la prise en charge potentielle par la mutuelle », précise Béatrice Bouraoui, coordinatrice du Cap Sport Santé 83. À Cavalaire, le centre communal d’action sociale (CCAS) a mis en place dès 2017 des séances de sport sur ordonnance. Trois créneaux sont disponibles dans la semaine, en plus d’un suivi médical, pour 50 euros par an.
Pour résumer, il existe quelques plateformes proposant un accompagnement voire directement des séances de sport sur ordonnance dans les Alpes-Maritimes et le Var. Bémol : la prise en charge est quasiment inexistante.
Pas une priorité pour les Français
Du côté des candidats aux élections municipales, ce sujet n’est pas spécialement abordé (voire pas du tout) dans les programmes.
Le sport et les loisirs ne sont d’ailleurs pas les principaux sujets de préoccupation des Français pour le scrutin de mars. 10 % seulement choisissent cette catégorie, loin derrière la sécurité (47 %) et l’environnement (35 %), d’après le baromètre réalisé en décembre par Odoxa.