Un internat plutôt qu’un placement ou la prison
Depuis 2008, la villa Marie Ange, à Nice, accueille des adolescentes en difficulté. Avec le soutien de l’association Children and Future et de la No Finish Line
En quête de reconstruction, les adolescentes confiées par l’Aide sociale à l’enfance (AES) du département des Alpes-Maritimes, sur décision administrative ou judiciaire, à la villa Marie Ange cherchent de l’aide. Ici, à Nice, dans cette structure créée par la fondation Patronage Saint-Pierre Actes, elles sont accueillies pour éviter un placement en famille d’accueil ou une incarcération. Ainsi, le sentiment de liberté, la fierté de se dépasser et la présence constante d’un adulte bienveillant ouvrent ces jeunes filles, âgées entre 14 et 21 ans, à la résilience.
Après des passages dans plusieurs familles d’accueil, des retours en foyer ou d’autres circonstances encore plus traumatisantes, ces filles ont connu des multiples ruptures. Alors, les éducateurs travaillent en coordination avec les services sociaux et le juge des enfants pour tenter de leur montrer la bonne voie. Mais le manque de lien entre les services sociaux et les problèmes d’effectif dans ces corps de métier posent problème. Alors, il faut composer. C’est pour cela qu’au sein de la villa, la chef de service, Brigitte Bianco, a décidé de leur offrir un espace. « Cette structure est très importante. C’est ici que l’équipe les aide à devenir complètement autonomes », explique la chef de service.
« Des parcours saccadés »
Avec beaucoup de bienveillance, elle rappelle que l’inclusion de ces jeunes filles n’est pas une option. Tout est donc fait pour les inscrire dans une dynamique d’intégration. Et cela passe par les éducateurs et la qualité de la structure transformée en « cocon familial ».
« On travaille sur un binôme hommefemme pour qu’elles puissent avoir un double référent », explique Laurent
Portelli, éducateur spécialisé. Son objectif ? Trouver un équilibre et accompagner ces filles tout en s’adaptant à leur parcours de vie : « Tout est construit en fonction d’une histoire particulière. »
Mauvaises notes, déscolarisation, absences répétées, fugues… ces comportements cachent une situation familiale conflictuelle, des tensions ou encore une communication réduite à néant empêchant l’enfant de trouver sa place. Heureusement, « l’école est un véritable curseur dans ces parcours », précise Laurent. L’exemple de cette jeune Monégasque, arrivée en urgence du lycée Albert-Ier de Monaco, montre bien que les difficultés scolaires déroulent souvent le fil de l’histoire familiale. Mais dans ce contexte, les enfants sont « victimes », alerte-t-il. Et leur détresse peut être compliquée à gérer. Certaines trouvent le chemin de la réinsertion sociale, scolaire et familial. D’autres restent au point mort. Quelques mois après son entrée dans l’internat, le placement de cette Monégasque en appartement en totale autonomie a donné des résultats positifs. Sans pression et dans un cadre stable, tout devient possible. Même si la mission est parfois délicate, l’éducateur cherche constamment à guider ces enfants dans un numéro de funambulisme.
Des projets solidaires
« Nous sommes des suppléants parents et non une substitution. On accompagne, on aide tout en tenant informées les personnes concernées : les parents », précise Brigitte. Pour éviter toutes confusions, les parents ne sont jamais mis à l’écart. Au contraire, l’objectif est de les faire participer au parcours de leur enfant. Autour de projets communs, les responsables de la fondation arrivent à créer de la solidarité. Dernièrement, grâce au financement de l’association Children and Future et de la No Finish Line, une salle multi-activités, inaugurée mercredi dernier, a ouvert ses portes, en extension de la villa. En plus de disposer chacune d’une chambre, cette salle permet à ces filles de profiter d’un espace plus personnel « où elles pourront s’épanouir et exercer leurs activités ». Derrière cette idée se cachent deux anciennes locataires de l’établissement. À la base d’un ancien entrepôt, elles ont réussi à réunir tout le monde autour de leur projet. Suivi de près par leur chef de service : «Onabesoin d’être actif, d’inventer des choses. Cette salle en est un bel exemple », se réjouit la chef de service. Dorénavant, de l’espace, il y en aura dans cet internat. Une manière de rendre un peu de liberté à ces adolescentes, en perte de repères.