Monaco-Matin

Un internat plutôt qu’un placement ou la prison

Depuis 2008, la villa Marie Ange, à Nice, accueille des adolescent­es en difficulté. Avec le soutien de l’associatio­n Children and Future et de la No Finish Line

- ANTOINE COLIN

En quête de reconstruc­tion, les adolescent­es confiées par l’Aide sociale à l’enfance (AES) du départemen­t des Alpes-Maritimes, sur décision administra­tive ou judiciaire, à la villa Marie Ange cherchent de l’aide. Ici, à Nice, dans cette structure créée par la fondation Patronage Saint-Pierre Actes, elles sont accueillie­s pour éviter un placement en famille d’accueil ou une incarcérat­ion. Ainsi, le sentiment de liberté, la fierté de se dépasser et la présence constante d’un adulte bienveilla­nt ouvrent ces jeunes filles, âgées entre 14 et 21 ans, à la résilience.

Après des passages dans plusieurs familles d’accueil, des retours en foyer ou d’autres circonstan­ces encore plus traumatisa­ntes, ces filles ont connu des multiples ruptures. Alors, les éducateurs travaillen­t en coordinati­on avec les services sociaux et le juge des enfants pour tenter de leur montrer la bonne voie. Mais le manque de lien entre les services sociaux et les problèmes d’effectif dans ces corps de métier posent problème. Alors, il faut composer. C’est pour cela qu’au sein de la villa, la chef de service, Brigitte Bianco, a décidé de leur offrir un espace. « Cette structure est très importante. C’est ici que l’équipe les aide à devenir complèteme­nt autonomes », explique la chef de service.

« Des parcours saccadés »

Avec beaucoup de bienveilla­nce, elle rappelle que l’inclusion de ces jeunes filles n’est pas une option. Tout est donc fait pour les inscrire dans une dynamique d’intégratio­n. Et cela passe par les éducateurs et la qualité de la structure transformé­e en « cocon familial ».

« On travaille sur un binôme hommefemme pour qu’elles puissent avoir un double référent », explique Laurent

Portelli, éducateur spécialisé. Son objectif ? Trouver un équilibre et accompagne­r ces filles tout en s’adaptant à leur parcours de vie : « Tout est construit en fonction d’une histoire particuliè­re. »

Mauvaises notes, déscolaris­ation, absences répétées, fugues… ces comporteme­nts cachent une situation familiale conflictue­lle, des tensions ou encore une communicat­ion réduite à néant empêchant l’enfant de trouver sa place. Heureuseme­nt, « l’école est un véritable curseur dans ces parcours », précise Laurent. L’exemple de cette jeune Monégasque, arrivée en urgence du lycée Albert-Ier de Monaco, montre bien que les difficulté­s scolaires déroulent souvent le fil de l’histoire familiale. Mais dans ce contexte, les enfants sont « victimes », alerte-t-il. Et leur détresse peut être compliquée à gérer. Certaines trouvent le chemin de la réinsertio­n sociale, scolaire et familial. D’autres restent au point mort. Quelques mois après son entrée dans l’internat, le placement de cette Monégasque en appartemen­t en totale autonomie a donné des résultats positifs. Sans pression et dans un cadre stable, tout devient possible. Même si la mission est parfois délicate, l’éducateur cherche constammen­t à guider ces enfants dans un numéro de funambulis­me.

Des projets solidaires

« Nous sommes des suppléants parents et non une substituti­on. On accompagne, on aide tout en tenant informées les personnes concernées : les parents », précise Brigitte. Pour éviter toutes confusions, les parents ne sont jamais mis à l’écart. Au contraire, l’objectif est de les faire participer au parcours de leur enfant. Autour de projets communs, les responsabl­es de la fondation arrivent à créer de la solidarité. Dernièreme­nt, grâce au financemen­t de l’associatio­n Children and Future et de la No Finish Line, une salle multi-activités, inaugurée mercredi dernier, a ouvert ses portes, en extension de la villa. En plus de disposer chacune d’une chambre, cette salle permet à ces filles de profiter d’un espace plus personnel « où elles pourront s’épanouir et exercer leurs activités ». Derrière cette idée se cachent deux anciennes locataires de l’établissem­ent. À la base d’un ancien entrepôt, elles ont réussi à réunir tout le monde autour de leur projet. Suivi de près par leur chef de service : «Onabesoin d’être actif, d’inventer des choses. Cette salle en est un bel exemple », se réjouit la chef de service. Dorénavant, de l’espace, il y en aura dans cet internat. Une manière de rendre un peu de liberté à ces adolescent­es, en perte de repères.

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L’associatio­n Children and Future et la No Finish Line ont apporté   € de fonds pour la constructi­on de la nouvelle salle multi-activités, inaugurée mercredi dernier. (Photo Fondation Nice PSP)

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