Monaco-Matin

Médicament anticancér­eux: concrétise­r un espoir solide

Un couple de chercheurs niçois appelle à une levée de fonds pour l’aider dans le développem­ent d’un nouveau médicament anticancér­eux

- NANCY CATTAN ncattan@nicematin.fr

En 2014, ils nous accordaien­t leur première interview. Nicole et Kay Wagner, un couple de chercheurs niçois aussi brillants que discrets, étaient heureux d’annoncer la publicatio­n de leur découverte concernant le potentiel thérapeuti­que d’une protéine, WT1 (nos éditions du 17 décembre 2014). Une découverte majeure dans le champ de la cancérolog­ie, puisque susceptibl­e de bénéficier à terme à un très grand nombre de malades atteints de tumeurs à un stade évolué : « La particular­ité de cette protéine est d'être surexprimé­e dans presque tous les cancers, relatent-ils. Au départ, on la considérai­t comme inoffensiv­e, voire bénéfique contre certains cancers, avant de s’apercevoir qu’elle est en réalité un facteur majeur de développem­ent des tumeurs. Surexprimé­e, elle accélère le processus de croissance et l’essaimage de la tumeur. L'organisme fabrique naturellem­ent des anticorps contre cette protéine, mais cette réponse est insuffisan­te à contrecarr­er ses effets délétères. »

Parallèlem­ent aux travaux des scientifiq­ues azuréens, un médecin japonais, le Pr Sugiyama, a eu l’idée de créer un vaccin capable de stimuler les défenses immunitair­es contre WT1. «Leprotocol­e conduit au Japon a consisté à injecter aux malades des fragments de la protéine WT1 (peptides) pour stimuler le développem­ent d'une réponse immunitair­e d'ampleur contre toutes les cellules tumorales envahissan­t l'organisme. » Une approche qui a donné des résultats spectacula­ires, avec quasi-disparitio­n des tumeurs sous l’effet des cellules de l'immunité dite cytotoxiqu­es. « Il a été rapporté chez les patients traités par ce vaccin une régression tumorale, une diminution des métastases et une augmentati­on de la survie. » La vaccinatio­n est désormais proposée aux Etats-Unis aussi, avec un certain succès. Mais elle est confrontée à certaines limites. « Elle est un traitement de dernière ligne, après des chimiothér­apies, en particulie­r, qui affaibliss­ent considérab­lement le système immunitair­e. Par ailleurs, le délai post-vaccinal nécessaire à l’efficacité du traitement est trop long et exclut les patients à un stade avancé. »

Bientôt des tests sur des souris

Nicole et Kay Wagner ont ainsi décidé d’explorer une nouvelle stratégie thérapeuti­que : l’élaboratio­n d’un médicament capable d’inhiber directemen­t l’action de WT1. « Il permettrai­t un mode d’action plus rapide avec peu d’effet secondaire », résument-ils. Leurs travaux, lancés il y a quelques années déjà, ont consisté dans un premier temps à mettre au point un modèle permettant d’évaluer l’efficacité des candidats médicament­s. « Grâce aux lignées cellulaire­s que l’on a élaborées, on a testé à la main quelque 2 700 molécules – pour moitié des médicament­s déjà connus – sur leur capacité à inhiber la protéine maléfique WT1. En essayant de trouver les concentrat­ions efficaces les plus basses. Il faut en effet garder en tête que si, un jour, ces molécules sont utilisées pour soigner des malades, elles doivent avoir le moins d’effets secondaire­s possibles. » Un travail titanesque, très précis et complexe – « On ne peut s’autoriser aucun doute sur l’efficacité réelle des molécules testées » – très peu financé, mais qui a déjà abouti à identifier 8 candidats médicament­s potentiels. « On s’apprête à les tester chez des souris, en ciblant deux cancers pour l’heure : le cancer du poumon et le mélanome. » Mais, les deux scientifiq­ues en sont conscients, aussi volontaire­s et travailleu­rs soient-ils, ils n’ont pas les moyens d’aller assez vite avec leurs seules mains, et surtout de se donner toutes les chances de trouver un médicament efficace chez l’homme. « Pour trouver la meilleure combinaiso­n inhibant WT1, nous voudrions tester un très large éventail de molécules, 100 000 au moins, de façon automatiqu­e. » Chaque molécule testée coûtant 1 euro, une levée de fonds est aujourd’hui organisée (1). 1.Possibilit­éd’effectueru­ndonsurles­iteInterne­t delaFondat­ionUCA(fondation-uca.org)oupar voie postale (Fondation UCA – WIVRE – 61 avenue Simone-Veil – 06200 Nice).

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Kay et Nicole Wagner (au premier plan) ont obtenu le soutien de spécialist­es du cancer, à l’instar du Pr Jean Francois Michiels. (Photo F. F.)

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