LA TENSION MONTE À LA FRONTIÈRE
Un 3e décès a été annoncé hier dans la péninsule, où 149 cas sont désormais recensés Les deux foyers italiens de l’épidémie placés en confinement total 70 hôpitaux de plus mobilisés en France
Deux foyers d’épidémie, cas recensés, décès, personnes confinées : des Italiens témoignent des mesures drastiques prises tandis que, de l’autre côté de la frontière, des élus azuréens réclament un plan d’urgence. Le CHU de Nice est désormais habilité à procéder à des tests de détection.
Un mois après la première mesure de confinement total édictée contre le coronavirus, isolant les 11 millions d’habitants de Wuhan en Chine, c’est l’Italie qui a mis en place samedi en fin de soirée cette mesure radicale pour tenter de freiner l’épidémie, désormais installée sur le sol européen.
● Un troisième décès
Les autorités italiennes ont annoncé hier un troisième décès lié au coronavirus. Il s’agit d’une « femme âgée », atteinte d’un cancer, «qui était hospitalisée à Crema [près de Crémone, en Lombardie, Ndlr] depuis plusieurs jours et dont les tests montraient qu’elle avait contracté » la maladie, a expliqué l’adjoint régional à la Santé, Giulio Gallera. Il a précisé qu’elle avait été admise en oncologie « dans un état grave ».
Le premier cas mortel en Italie était un maçon retraité de 78 ans à Vo’Euganeo, près de Padoue, en Vénétie, qui est décédé le 21 février ; le deuxième, celui d’une femme de 77 ans, trouvée morte chez elle le 22 février, à Casalpusterlengo, près de Codogno. Un test post-mortem avait détecté la présence du virus.
● cas recensés dont en Lombardie
Au total, la Protection civile dénombrait hier 149 cas de contamination dans la péninsule, sans compter les trois personnes décédées. L’épidémie semble s’être répandue depuis deux foyers : d’une part la ville de Codogno, à 60 kilomètres au sud-est de Milan en Lombardie ; d’autre part le village de Vo’ Euganeo, en Vénétie.
Dans le détail, étaient recensés hier « 110 cas en Lombardie, 21 en Vénétie, 9 en Emilie-Romagne et 2 dans le Latium », ces deux derniers contractés hors d’Italie. Sur l’ensemble des personnes touchées, « 55 sont hospitalisées avec des symptômes, 25 en thérapie intensive, 19 à l’isolement et 27 en cours de contrôle ».
● Ni entrée ni sortie des zones contaminées
Confronté à une progression très rapide du virus, le gouvernement italien a choisi de « mettre sous cloche » une partie de la Lombardie et de la Vénétie.
Dans le nord du pays, environ 52 000 personnes se sont ainsi réveillées hier dans des zones étant considérées comme des foyers de la maladie, et où ni l’entrée ni la sortie ne sont désormais autorisées « sauf dérogation particulière », a indiqué le Premier ministre Giuseppe Conte après le vote au Conseil des ministres d’un décret-loi en ce sens. Les images des télévisions locales montraient hier, pour le moment, une absence de barrages autour des villes concernées, mais M. Conte a indiqué que des points de contrôle allaient être mis en place et qu'au besoin, il enverrait l'armée et toutes les forces de l'ordre nécessaires. Le décret-loi prévoit des sanctions pouvant aller jusqu’à trois mois de réclusion pour les contrevenants.
● Entreprises et écoles fermées, carnaval de Venise et matchs annulés
Cette restriction de circulation n’est pas la seule mesure. Dans la zone de Codogno, dix communes avaient fermé dès vendredi soir tous les lieux publics sauf les pharmacies (nos éditions d’hier).
Mais le décret-loi en vigueur depuis hier va plus loin, avec la fermeture des entreprises et des établissements scolaires, ainsi que l’annulation des événements publics des deux zones touchées en Lombardie et Vénétie. La célèbre Scala de Milan, qui ne se trouve pas dans la zone concernée, a décidé hier de suspendre ses représentations à titre préventif.
En Vénétie, les dernières festivités du Carnaval de Venise qui devait se terminer demain, ont ainsi dû être annulées. Le gouverneur de la région, Luca Zaia, a précisé que la fermeture des écoles et l’annulation des manifestations sportives auraient lieu, dans la région, jusqu’au 1er mars. Il a aussi appelé à éviter « tous les rassemblements privés et publics ».