Que faire pour lutter contre les déjections canines ?
C’est le thème que nous avons choisi de décrypter cette semaine. Isabelle Zampini de Nice a suggéré de verbaliser les maîtres, sa proposition a récolté 112 votes
Il faut verbaliser les gens qui ne ramassent pas les déjections de leur chien ». Depuis le lancement de Moi, maire, notre plateforme participative et citoyenne pour faire émerger des idées pour les communes, c’est la proposition qui a reçu le plus de votes. Grosses, petites, solides ou liquides, malodorantes ou non, en ville, les déjections canines sont partout. Un véritable fléau. Elles jonchent les trottoirs de certaines rues et s’agglutinent autour des arbres… Il n’y a rien de plus déplaisant que de marcher dedans ou de devoir les esquiver dans une rue totalement minée par l’incivilité de maîtres peu scrupuleux. La propreté urbaine est mise à mal, l’espace public est souillé.
La verbalisation existe déjà
Selon l’article R631-76 du Code pénal, « est puni de l’amende prévue pour les contraventions de la 2e classe le fait de déposer, d’abandonner, de jeter ou de déverser, en lieu public ou privé, à l’exception des emplacements désignés à cet effet par l’autorité administrative compétente, des ordures, déchets, déjections, matériaux, liquides insalubres ou tout autre objet de quelque nature qu’il soit [...]».
Les municipalités peuvent aussi prendre des arrêtés pour punir plus sévèrement les auteurs de ce type d’incivilités. Les contraventions peuvent être salées. C’est d’ailleurs dans le département des Alpes-Maritimes qu’elles sont les plus élevées.
la déjection
A Cannes, Nice, Vence, Mandelieu l’amende peut grimper jusqu’à 450 euros. À Hyères, les propriétaires pris en flagrant délit devront s’acquitter de la somme de 100 euros supplémentaires en plus des 68 euros réglementaires. Ce qui nous revient à 168 euros le caca. À ce prix-là, il vaut mieux se baisser pour le ramasser.
Les mairies sont aussi libres d’aménager des espaces réservés ou d’installer des distributeurs de sacs…
Des brigades anti-incivilités en civile sont aussi mises en place. « À Nice, en 2019, sur l’application Allô Mairie, 5 300 incivilités ont été dénoncées, nous apprend Pierre-Paul Leonelli, délégué à la propreté. Et 635 d’entre elles concernaient des déjections canines non ramassées ». Il ajoute que «111 propriétaires ont été verbalisés à hauteur d’une soixantaine d’euros chacun. Soit parce qu’ils n’avaient pas ramassé, ou alors parce qu’ils ne tenaient pas leur chien en laisse. Les déjections canines diminuent en ville au contraire des dépôts sauvages. »
Loterie à Taïwan
Les municipalités se dotent aussi de machines. À Toulon, comme à Saint-Laurent-du-Var, les agents de la ville utilisent « Le Glutton ». Un engin qui permet aux riverains d’aspirer à plus de propreté, sans toutefois se substituer au manque de civisme de certains propriétaires. D’une capacité de ramassage de 240 litres, il cumule un total de plus de 75 kg de saletés et d’excréments. Des petits papiers aux crottes de chiens, il nettoie ainsi les voiries plusieurs jours par semaine. Au-delà de la répression, qui reste probablement le meilleur moyen de venir à bout de ce type d’incivilités, on ne manque pas d’idées dans le monde pour sensibiliser et inciter au ramassage. À Taïwan, en 2011, les autorités ont décidé d’organiser une grande loterie. Les maîtres apportaient alors leur petit sachet rempli de caca et se voyaient remettre un ticket de loterie. Plus de 4 000 habitants de la ville New Taipei City ont participé à cette campagne. Le grand gagnant a reçu un beau lingot d’or d’une valeur de 60 000 dollars taïwanais (1 490 euros).
Crédit de Wi-Fi en retour à Mexico
En 2012, à Mexico, est né le « Poo Wi-Fi ». En somme, du caca contre des minutes de Wi-Fi gratuites. Des poubelles spéciales ont été installées dans les rues pour que les maîtres y déposent les crottes de leur chien. Le poids des déjections est ensuite converti en temps de Wi-Fi gratuit… Une initiative pour le moins originale mise en place par le fournisseur d’accès internet, Terra.
Fausses déjections en Belgique
Plus récemment, en Belgique, la ville de Wavre a lancé une vaste opération de sensibilisation. Les habitants de la commune ont dû être surpris ce matin d’avril 2019 : des dizaines et des dizaines de fausses déjections canines ont été posées un peu partout sur le sol à proximité de l’hôtel de ville et dans les allées du marché local, obligeant ainsi les gens à zigzaguer pour les éviter.
Chiens fichés à Béziers
Il y a aussi l’ADN. En France, le tribunal administratif de Montpellier, qui avait retoqué une première fois le projet, a validé en 2017 le fichage des chiens de Béziers (Hérault). Une mesure voulue par le maire proche du Rassemblement national, Robert Ménard et qui à l’époque avait fait couler beaucoup d’encre. En Colombie-Britannique (Canada), à Andorre, à Jérusalem et dans d’autres nombreuses villes et pays, ce système a déjà été adopté.