Monaco-Matin

Le « grand huit » de la politique

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Qui dirait encore que la politique est un long fleuve tranquille ? À vrai dire, plus personne. Chacun voit au contraire que rien ne sépare plus, dans le scénario de ces dernières semaines, les moments d’apaisement relatif et la renaissanc­e des plus grandes inquiétude­s, les instants où tout paraît possible alternant avec ceux où tout s’enlise. Il faut bien dire que, dans ce « grand huit » de foire qu’est devenue la politique, Emmanuel Macron, et, à un moindre degré, Édouard Philippe, sont les premiers bousculés. Dès que les choses s’arrangent sur un plan, elles se dégradent ailleurs. Les exemples ne manquent pas. Vendredi dernier, c’était la catastroph­e : le candidat LREM de Paris, un proche de la première heure d’Emmanuel Macron, se voyait obligé de démissionn­er. La semaine suivante, celle qui l’a remplacé au pied levé, Agnès Buzyn, marque une embellie immédiatem­ent enregistré­e par des sondages, qui lui font dépasser en une semaine le score du candidat démissionn­aire. Même chose pour le regain partiel de popularité enregistré par le chef de l’État, en cette fin février, notamment après la fin de la grève des transports qui a paralysé la capitale en décembreja­nvier derniers. Ou encore pour la baisse du taux de chômage, à son plus bas depuis . À peine connu, à peine oublié. Car c’est à l’Assemblée nationale que se joue en même temps la plus dure des batailles, celle des retraites, où l’obstructio­n de La France insoumise – qui a déposé des dizaines de milliers d’amendement­s – empêche le débat de progresser et la droite elle-même de formuler ses propositio­ns.

Parvenir, comme le voulait le Président, à un vote en première lecture avant les élections municipale­s, semble relever d’une mission impossible. Édouard Philippe ne souhaitait pas sur ce sujet recourir à l’arme suprême, mais mal aimée, de l’article ., qui permet d’accepter un texte de loi sans débat, mais il y sera sans doute contraint dans les prochains jours. Et ce sera l’occasion, dans un tohu-bohu devenu habituel, pour les uns de crier à la dictature du Président et de son gouverneme­nt ; pour les autres de déplorer la stratégie de blocage sans fin de l’extrême gauche.

Dans ce contexte, le Salon de l’agricultur­e, que le Président a inauguré avant-hier, a été pour lui, malgré quelques protestati­ons de mécontente­ment, presque une promenade de santé, où il s’est prêté de bonne grâce aux selfies – signe, s’il en fallait un, d’un rapprochem­ent évident entre le monde du spectacle et celui de la politique.

« Dès que les choses s’arrangent sur un plan, elles se dégradent ailleurs. »

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