Retraites : LFI et majorité se renvoient la balle sur le -
Le jeu du mistigri a commencé sur un possible recours au 49-3 pour faire adopter la réforme des retraites : la majorité accuse la gauche de la gauche de l’y « emmener » par l’obstruction, La France insoumise (LFI) affirme que les « marcheurs » le « préparent » en surjouant le « chaos ».
Personne ne veut porter le chapeau de l’usage de cet article de la Constitution qui permet de faire passer un texte sans vote à l’Assemblée. Mais au vu du blocage sur le projet visant à créer un système universel par points, alors que les députés en étaient toujours à l’article 1er au septième jour hier, le gouvernement pourrait dégainer rapidement cette « arme atomique ».
En attendant, le Premier ministre Édouard Philippe est passé à l’Assemblée hier à l’heure du dîner pour un moment « informel » et « convivial » avec les députés de la majorité, sans discours, ni annonce, selon plusieurs participants. « C’était pour nous soutenir alors qu’on est là le week-end » et « prendre la température », a rapporté le député de Gironde Pascal Lavergne (LREM).
« Des gens qui essayent de saboter un débat »
« On voit bien que tout le monde s’emballe sur le 49-3 mais le Premier ministre tient sa ligne et dit qu’on n’a pas à subir la pression. Et que ceux qui mettent la pagaille devront subir la pression de s’expliquer devant l’opinion », dit-on dans l’entourage du Premier ministre.
« Cette majorité et ce gouvernement n’ont jamais souhaité utiliser le 49-3 et même encore aujourd’hui, nous ne souhaitons pas l’utiliser », a insisté hier sur BFM TV le ministre de l’Éducation Jean-Michel Blanquer. « Mais on a des gens qui essaient de saboter un débat et qui après vont se plaindre des conséquences du sabotage qu’ils ont fait », a-t-il ajouté, accusant La France Insoumise et le Parti communiste d’être des « ennemis de la démocratie parlementaire ».
Le patron du groupe MoDem, Patrick Mignola, a lui accusé les oppositions de vouloir « emmener » la majorité vers un « 49-3 à l’envers », c’est-à-dire contraint par l’obstruction, et non parce que la majorité ferait défaut. Selon un ténor, LFI et PCF, avec leurs quelque 35 000 amendements, ont pour « stratégie » de « pousser le gouvernement au 49-3 » pour ensuite dire « gouvernement fascistoïde ».
« LBD parlementaire »
De son côté, le chef de file des Insoumis Jean-Luc Mélenchon estime que l’ «ambiance assez spéciale » qui règne à l’Assemblée depuis le début des travaux lundi est justement due à « la menace du 49-3 ». Il a réclamé que le gouvernement s’engage à ne pas y recourir. « Ils essayent de nous coller sur le dos le 49-3, c’est quand même le comble, c’est quand même pas nous qui décidons de ces choses-là », a-t-il lancé devant la presse. L’imputer aux insoumis, c’est «lepompon ! »
Selon son collègue Adrien Quatennens, la majorité essaye « de créer un climat favorable à l’usage de ce LBD parlementaire ». Quant au communiste Sébastien Jumel, il est convaincu que le gouvernement a « décidé d’y aller au forceps » , en déclenchant « l’arme atomique » selon les mots du secrétaire national du PCF Fabien Roussel dimanche sur France 3. Côté LR, Guillaume Larrivé voit dans Jean-Luc Mélenchon « l’allié objectif » d’Emmanuel Macron. D’après Aurélien Pradié, « ils attendent patiemment que la machine puisse être bloquée pour activer le 49-3, ce qui serait dramatique ».