Une équipe est née
La victoire signée à Cardiff pourrait bien faire date. Comme un acte de naissance
Une sélection qui devient une équipe ». Le succès des Bleus de Cardiff, le premier au pays de Galles depuis une décennie, ressemble à un acte de naissance pour le XV de France de Fabien Galthié. Mais pas question de se laisser griser.
« Ce qui est intéressant dans le parcours de cette jeune équipe, c’est que l’histoire est jeune. On a eu onze entraînements et trois matches ensemble maintenant. On souhaite incarner quelque chose. Que les gens se disent qu’il y a une amorce, les prémices d’une sélection qui devient une équipe», a d’ailleurs synthétisé le manager Raphaël Ibanez. Avec 94 sélections, dont 41 en tant que capitaine, l’ancien talonneur sait de quoi il parle. Autant que le sélectionneur Fabien Galthié (24 capitanats en 65 sélections).
La veille, à chaud, les Bleus ne disaient d’ailleurs pas autre chose. « Je pense que l’apport du banc a été déterminant. On s’est parlé à la mi-temps, on s’est dit deux ou trois choses. Le banc a fait beaucoup de bien aujourd’hui: on n’a pas gagné à 15 ou 16 mais à 23. C’est un groupe, une équipe et chacun a apporté sa pierre à l’édifice. On n’a rien lâché, ça a été dur jusqu’à la 80e», avait ainsi confié le capitaine Charles Ollivon. Contrairement aux matches précédents, Demba Bamba et Jean-Baptiste Gros en tête, les joueurs sortis du banc ont en effet joué leur rôle de « finisseurs », selon l’expression chère au staff des Bleus, et permis au XV de France de résister à la poussée galloise en toute fin de match. Abnégation, solidité, pragmatisme, courage... Cette équipe a du cran. Il en faut pour regarder les yeux dans les yeux des Gallois invaincus à domicile dans le Tournoi depuis trois ans.
« Avant, c’était avant ! »
Mais les Français refusent de s’enflammer. Même après une victoire qui date dans l’imprenable temple gallois. Même si cela faisait dix ans que les Bleus n’avaient pas gagné au pays de Galles. « Avant, c’était avant », a d’ailleurs rétorqué Galthié.
« Parler de renaissance, ce serait péjoratif par rapport aux générations précédentes. Même si le match d’hier a quand même effacé dix ans de frustrations collectives, on est juste une équipe qui a envie de vivre des choses », a abondé Ibanez.
Les pieds sur terre donc. Car, pour entrer dans l’histoire du XV de France, il faudra d’abord s’imposer contre l’Ecosse à Edimbourg dans deux semaines pour s’offrir une probable «finale», au Stade de France, face à l’Irlande.
Les Bleus, joueurs et staff, hésitent d’ailleurs à prononcer les mots magiques «Grand Chelem», un exploit majuscule qui attend les Français depuis 2010. « C’est vrai qu’on l’entend, on écoute ce qui se dit. Mais on se projette d’abord sur les séquences qui nous attendent, c’est-à-dire là, à court terme, la récupération, la régénération... Les joueurs vont repartir chez eux. Nous, on va prendre aussi du temps pour nous», a tempéré Galthié, rajoutant tout de même : « Ce sujet (le Grand Chelem) va être abordé, on ne peut pas faire semblant de ne pas l’entendre ». « On voudrait se concentrer sur notre procédure et ce qui fait que, aujourd’hui, on arrive à être au rendez-vous des étapes que le calendrier nous a fixé: le 2 février, le 9 février, le 22 février... On vit bien au jour le jour », a-t-il ajouté. Prochaine étape, le 8 mars à Murrayfield, où ils n’ont plus gagné depuis 2014. Un nouvel espoir ?
Tournoi terminé pour Baille
Le pilier du XV de France Cyril Baille ne pourra pas participerauxdeuxderniersmatchesduTournoi après s’être luxé l’épaule droite samedi lors de la victoire des Bleus au pays de Galles.