Eric Ciotti : « Nous avons perdu un temps précieux »
Eric Ciotti, le député LR niçois, questeur de l’Assemblée, a été nommé 1er vice-président de la mission d’information. Il livre ses regrets sur les retards du gouvernement et son ressenti sur l’audition d’hier soir.
Emmanuel Macron a qualifié « d’irresponsables ceux qui cherchent à faire des procès »…
Emmanuel Macron appelle à l’unité nationale et, en même temps, il ne cesse de créer des polémiques. J’ai voté les mesures liées à l’état d’urgence sanitaire et au soutien de l’économie. C’était un devoir dans cette période. Pour le reste, je n’ai pas été élu pour célébrer chaque jour le culte de l’être suprême infaillible, mais pour représenter mes concitoyens et les protéger. Personne ne m’empêchera de poser les questions, légitimes, que se posent nos compatriotes. Je souscris à l’unité nationale, mais j’y préfère l’efficacité nationale.
Qu’est-ce que l’exécutif aurait pu mieux faire ?
Nous avons perdu un temps précieux. Dès le février, je demandais la fermeture de la frontière avec l’Italie. Elle est toujours ouverte. C’est irresponsable ! Notre pays manque par ailleurs cruellement de matériel pour protéger ses soignants, les personnels des Ehpad… Il y a encore un mois, on laissait se dérouler le match de football Lyon - Turin et le président de la République invitait les Français à sortir. Quand Nicolas Sarkozy a quitté l’Élysée, en , nous avions masques, il n’y en avait plus que millions en janvier. L’Allemagne, avec plus de cas détectés, compte cinq fois moins de morts que nous. La stratégie de lutte y a été basée sur des tests généralisés et un suivi individuel des personnes touchées. L’efficacité réside aujourd’hui dans le courage de nos soignants, qui font un travail admirable dans des conditions matérielles déplorables.
Qu’attendez-vous de cette mission d’information ?
Dans l’immédiat, elle doit d’abord permettre de mieux protéger les Français. Comment se fait-il, par exemple, que certaines banlieues ne soient pas soumises au confinement ? Pourquoi nos forces de l’ordre, qui ont déjà opéré millions de contrôles, ne bénéficient-elles d’aucun équipement de protection ? Dans les Alpes-Maritimes, il a fallu que ce soit le Département qui leur fournisse des masques !
Malgré tout, d’autres pays ont plus mal géré la crise que nous…
Cette crise est internationale, mais nous n’en avons pas pris la mesure avant qu’elle n’atteigne l’Italie. La ministre de la Santé d’alors [Agnès Buzyn, ndlr] a assuré que jamais nous ne serions touchés. Cette crise met en lumière l’affaiblissement de notre système de santé et notre tragique dépendance de l’étranger pour certains équipements vitaux.
L’audition du Premier ministre vous a rassuré ?
Elle m’a dans l’ensemble déçu, faute de concret. Ma question sur la protection des forces de l’ordre n’a pas eu de réponse, la frontière avec l’Italie reste ouverte et le Premier ministre s’est montré plutôt ambigu sur sa résolution à faire respecter le confinement en tout lieu.