Monaco-Matin

Mougins : sidération et colère devant l’Ehpad « La Riviera »

Des familles exigent la vérité. Des tests vont être pratiqués dans l’établissem­ent sur le personnel et les pensionnai­res. Hier, le bilan était toujours de dix-neuf victimes

- GRÉGORY LECLERC gleclerc@nicematin.fr

C’est une honte ce qui s’est passé dans cette maison de retraite. J’y ai travaillé comme aide-soignante il y a longtemps. Je pense fort au personnel, qui n’y est pour rien. Mais j’espère que ceux qui dirigent cet établissem­ent auront à rendre des comptes. » Partagée entre colère et sidération, la Mouginoise d’une soixantain­e d’années, qui vient de nous parler, continue sa route. Personne ne s’attarde trop dans le secteur. Tout juste les riverains, sortis de leur confinemen­t pour leur plein de courses au supermarch­é voisin, jettent-ils un oeil inquiet vers l’Ehpad. Passant leur chemin. La méfiance s’est installée.

Dans le quartier de la maison de retraite « La Riviera », du groupe Korian, la colère monte depuis les révélation­s de Nice-Matin (nos éditions de mardi). Personne ne comprend qu’il faille les révélation­s d’un journal pour apprendre la vérité.

Deux corps levés hier

Le bilan était toujours hier, selon l’Agence régionale de santé, de 19 morts en quinze jours sur une centaine de pensionnai­res. Plus d’un par jour. Toute la journée, le ballet des ambulances, avec brancards, oxygène, et des services de lingerie pour les draps, de ravitaille­ment, s’est poursuivi. Sans logique apparente, deux résidents ont été ramenés en ambulance dans l’Epahd, allongés sur des brancards.

Le quartier a également assisté aux allées et venues, sinistres, terrifiant­es, des corbillard­s. Deux corps ont été levés hier après-midi, en présence de la police municipale.

Devant l’établissem­ent, radios et chaîne d’informatio­n en continu se relayaient pour des directs. Ce spectacle laisse Mougins en état de sidération. De la pharmacie à la boulangeri­e voisine, tout le monde ignorait le drame épouvantab­le qui se nouait à l’intérieur. Les familles, premières concernées, n’avaient semble-t-il pas eu vent de l’ampleur du désastre humain. Certaines commencent à se fédérer derrière celle d’Odette Noyer, 94 ans (nos éditions d’hier) en vue d’un dépôt de plainte pour mise en danger de la vie d’autrui. Elle viserait l’Ehpad et le groupe Korian. Selon nos informatio­ns, elle n’était pas encore déposée hier. «Je l’amènerai moi-même cette plainte », jure Arnaud le petit-fils d’Odette, croisé hier.

Le maire de la ville, Richard Galy, médecin généralist­e, a demandé à ses services de désinfecte­r régulièrem­ent le quartier, notamment devant l’Ehpad. Selon l’Agence régionale de santé, un plan de renforceme­nt des mesures barrières et de confinemen­t a été mis en oeuvre dans le bâtiment. « Nous sommes en train d’établir, avec les experts gériatres, la politique de tests. Il s’agit de bien isoler ceux qui sont positifs de ceux qui sont négatifs. » Ces tests, dont les résultats seront connus dans les heures ou les jours qui viennent, déterminer­ont donc la conduite à tenir. Mougins retient son souffle, redoutant que la liste des victimes ne s’allonge.

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Hier après-midi, devant l’Ehpad, deux corbillard­s sont venus lever les corps de pensionnai­res décédés du coronaviru­s. (Photo Dylan Meiffret)

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