Mougins : sidération et colère devant l’Ehpad « La Riviera »
Des familles exigent la vérité. Des tests vont être pratiqués dans l’établissement sur le personnel et les pensionnaires. Hier, le bilan était toujours de dix-neuf victimes
C’est une honte ce qui s’est passé dans cette maison de retraite. J’y ai travaillé comme aide-soignante il y a longtemps. Je pense fort au personnel, qui n’y est pour rien. Mais j’espère que ceux qui dirigent cet établissement auront à rendre des comptes. » Partagée entre colère et sidération, la Mouginoise d’une soixantaine d’années, qui vient de nous parler, continue sa route. Personne ne s’attarde trop dans le secteur. Tout juste les riverains, sortis de leur confinement pour leur plein de courses au supermarché voisin, jettent-ils un oeil inquiet vers l’Ehpad. Passant leur chemin. La méfiance s’est installée.
Dans le quartier de la maison de retraite « La Riviera », du groupe Korian, la colère monte depuis les révélations de Nice-Matin (nos éditions de mardi). Personne ne comprend qu’il faille les révélations d’un journal pour apprendre la vérité.
Deux corps levés hier
Le bilan était toujours hier, selon l’Agence régionale de santé, de 19 morts en quinze jours sur une centaine de pensionnaires. Plus d’un par jour. Toute la journée, le ballet des ambulances, avec brancards, oxygène, et des services de lingerie pour les draps, de ravitaillement, s’est poursuivi. Sans logique apparente, deux résidents ont été ramenés en ambulance dans l’Epahd, allongés sur des brancards.
Le quartier a également assisté aux allées et venues, sinistres, terrifiantes, des corbillards. Deux corps ont été levés hier après-midi, en présence de la police municipale.
Devant l’établissement, radios et chaîne d’information en continu se relayaient pour des directs. Ce spectacle laisse Mougins en état de sidération. De la pharmacie à la boulangerie voisine, tout le monde ignorait le drame épouvantable qui se nouait à l’intérieur. Les familles, premières concernées, n’avaient semble-t-il pas eu vent de l’ampleur du désastre humain. Certaines commencent à se fédérer derrière celle d’Odette Noyer, 94 ans (nos éditions d’hier) en vue d’un dépôt de plainte pour mise en danger de la vie d’autrui. Elle viserait l’Ehpad et le groupe Korian. Selon nos informations, elle n’était pas encore déposée hier. «Je l’amènerai moi-même cette plainte », jure Arnaud le petit-fils d’Odette, croisé hier.
Le maire de la ville, Richard Galy, médecin généraliste, a demandé à ses services de désinfecter régulièrement le quartier, notamment devant l’Ehpad. Selon l’Agence régionale de santé, un plan de renforcement des mesures barrières et de confinement a été mis en oeuvre dans le bâtiment. « Nous sommes en train d’établir, avec les experts gériatres, la politique de tests. Il s’agit de bien isoler ceux qui sont positifs de ceux qui sont négatifs. » Ces tests, dont les résultats seront connus dans les heures ou les jours qui viennent, détermineront donc la conduite à tenir. Mougins retient son souffle, redoutant que la liste des victimes ne s’allonge.