Monaco-Matin

Léa : « Ici, en Corée du Sud, les malades du Covid sont tracés en temps réel »

- J-F. R.

Léa vit en Corée du Sud depuis quatre ans. Bien que loin de Séoul, dans une région rurale qui n’a eu à déplorer que quelques dizaines de cas, elle ne reste jamais loin de son portable : «On reçoit ici quatre à cinq SMS par jour qui nous informent de la présence de malades du Covid dans la région, et de l’endroit où ils vivent ».

Choquée, Léa ? Cette jeune étudiante ne voit pas où est le problème.

Informés en moins de  heures

Le backtracki­ng, ce système de traçage numérique mis en place par le gouverneme­nt coréen dès les premiers jours de l’épidémie, lui paraît être une évidence : «Je sais qu’en France, on se dit que ces mesures sont liberticid­es, mais le résultat est là. Ici, tout le monde est testé. On parle de 15 000 tests de dépistage réalisés chaque jour dans le pays. Tout le monde s’y plie volontiers : c’est rassurant de savoir, non ? »

Si le test est positif, chacun en est informé en moins de 24 heures. Et dans la foulée, toutes ses données sanitaires individuel­les – certes anonymisés pour le grand public - sont mises en ligne. D’un simple clic, tous les Coréens peuvent les consulter sur coronamap.

Les smartphone­s des personnes infectées étant tracés, la carte du site mise à jour d’heure en heure permet de savoir si l’on risque de croiser un malade du Covid. Même code couleur qu’en Chine, les porteurs du virus clignotent en rouge. Ceux qui sont guéris en orange.

Un simple garde-fou numérique ?

Enfin, en télécharge­ant une appli mobile – corona 100 m -, chacun peut être informé en temps réel de sa proximité avec un cluster ou une personne malade, dans son immeuble, dans son quartier. Un garde-fou contre les dérives individuel­les ? Léa le pense vraiment. « Via cette appli, à Séoul, certains de mes amis recevaient des centaines de SMS chaque jour qui les informaien­t de la présence de personnes infectées dans leur voisinage. C’est fatigant, mais rassurant. Tu prends tes dispositio­ns. Tu évites d’aller là où le risque d’attraper ce fichu virus est important. Et apparemmen­t ça marche. » Quant aux risques de dérives antidémocr­atiques de cet « espionnage sanitaire massif », Léa les perçoit mal et raconte l’histoire de cette Coréenne, se sachant pourtant infectée, qui avait décidé de braver le confinemen­t. C’était au tout début de l’épidémie. Destinatio­n soleil. Convalesce­nce les pieds dans l’eau sur l’île Jeju. Quelques jours plus tard, les premiers cas de covid étaient recensés de ce petit paradis tropical à 85 km du continent : « Le système de traçage a permis aux autorités de savoir que cette personne était sans doute le vecteur de la contagion. L’histoire a fait grand bruit ici. La dame sera condamnée à indemniser les gens et notamment les commerçant­s qu’elle a côtoyés pendant son séjour. Personne ici ne crie au scandale. Elle n’ignorait pas le risque qu’elle faisait prendre aux autres!»

 ?? (DR) ?? Léa vit en Corée du Sud depuis quatre ans.
(DR) Léa vit en Corée du Sud depuis quatre ans.

Newspapers in French

Newspapers from Monaco