Nos infirmières et infirmiers expriment leur dénuement
Elodie Ferriol, infirmière libérale à Antibes ,afait tomber la blouse aux côtés de ses consoeurs et confrères pour lancer un SOS. Une campagne pour mettre à nu les besoins d’une profession
Nues et nus. Sans armure, sans protection. Une allégorie qui ne se veut pas sensuelle, mais essentielle. En ôtant ses vêtements pour prendre la pose aux côtés de ses consoeurs et confrères, Elodie Ferriol veut faire du bruit. Infirmière libérale basée à Antibes elle rejoint le mouvement initié par une collègue : « C’est Aurélie Mercier, une Héraultaise qui a lancé le projet “à poil contre le Covid-19”. Mon mari David étant photographe à Vallauris, j’ai voulu participer. »
L’expression du dénuement
En noir et blanc, les soignants qui oeuvrent au quotidien à deux pas de chez nous tombent la blouse. Une métaphore pour exprimer leur dénuement face à cette crise sanitaire sans précédent.
« Bien sûr, je continue à voir mes patients », souligne la professionnelle de santé qui explique les difficultés auxquelles son métier se heurte : « Nous avons trop peu de masques et de surblouses. On devrait les changer à chaque visite. Mais à raison d’une vingtaine par jour c’est impossible, personne n’a autant de protections ! » Si elle salue l’aide fort utile de la municipalité d’Antibes qui distribue des masques aux soignants chaque après-midi, elle concède : « C’est très bien. Mais cela ne nous suffit pas, malheureusement. Six masques FFP2 (1) par semaine, ce stock s’épuise très vite. » Un manque qui engendre la peur d’incarner un risque : « Certains patients ont préféré ne plus être suivis par des infirmiers lorsque des soins vitaux n’étaient pas nécessaires, de peur d’être contaminés. On sent que ceux que l’on continue de visiter ont également peur. Ils regardent nos protections, repèrent quel type de masque on porte... »
« La situation nous dépasse »
Une pénurie de matériel nourrissant une crainte. Celle de transporter avec soi le virus. « Avec ma collègue nous n’avons aucune suspicion dans notre patientèle. Évidemment nous les surveillons de près. Mais à côté de cela la Caisse primaire d’assurance maladie nous appelle régulièrement pour nous demander de prendre en charge des patients positifs au coronavirus. Nous ne sommes pas contre, mais comment peut-on faire sans matériel ? »
Alors, en attendant de pouvoir agir en toute sécurité, Elodie Ferriol ne préfère pas entrer en contact avec une personne contaminée : « La situation nous dépasse tous. Nous devons aussi bien protéger ceux que nous soignons que nos proches. Mais pour ce faire, il nous faut des moyens, des protections. Il faut nous entendre : c’est comme si nous étions à poil face au virus. » 1. Un masque FFP2 a une durée de vie de quatre heures s’il ne reçoit aucune projection.