Monaco-Matin

Nos infirmière­s et infirmiers expriment leur dénuement

Elodie Ferriol, infirmière libérale à Antibes ,afait tomber la blouse aux côtés de ses consoeurs et confrères pour lancer un SOS. Une campagne pour mettre à nu les besoins d’une profession

- MARGOT DASQUE mdasque@nicematin.fr

Nues et nus. Sans armure, sans protection. Une allégorie qui ne se veut pas sensuelle, mais essentiell­e. En ôtant ses vêtements pour prendre la pose aux côtés de ses consoeurs et confrères, Elodie Ferriol veut faire du bruit. Infirmière libérale basée à Antibes elle rejoint le mouvement initié par une collègue : « C’est Aurélie Mercier, une Héraultais­e qui a lancé le projet “à poil contre le Covid-19”. Mon mari David étant photograph­e à Vallauris, j’ai voulu participer. »

L’expression du dénuement

En noir et blanc, les soignants qui oeuvrent au quotidien à deux pas de chez nous tombent la blouse. Une métaphore pour exprimer leur dénuement face à cette crise sanitaire sans précédent.

« Bien sûr, je continue à voir mes patients », souligne la profession­nelle de santé qui explique les difficulté­s auxquelles son métier se heurte : « Nous avons trop peu de masques et de surblouses. On devrait les changer à chaque visite. Mais à raison d’une vingtaine par jour c’est impossible, personne n’a autant de protection­s ! » Si elle salue l’aide fort utile de la municipali­té d’Antibes qui distribue des masques aux soignants chaque après-midi, elle concède : « C’est très bien. Mais cela ne nous suffit pas, malheureus­ement. Six masques FFP2 (1) par semaine, ce stock s’épuise très vite. » Un manque qui engendre la peur d’incarner un risque : « Certains patients ont préféré ne plus être suivis par des infirmiers lorsque des soins vitaux n’étaient pas nécessaire­s, de peur d’être contaminés. On sent que ceux que l’on continue de visiter ont également peur. Ils regardent nos protection­s, repèrent quel type de masque on porte... »

« La situation nous dépasse »

Une pénurie de matériel nourrissan­t une crainte. Celle de transporte­r avec soi le virus. « Avec ma collègue nous n’avons aucune suspicion dans notre patientèle. Évidemment nous les surveillon­s de près. Mais à côté de cela la Caisse primaire d’assurance maladie nous appelle régulièrem­ent pour nous demander de prendre en charge des patients positifs au coronaviru­s. Nous ne sommes pas contre, mais comment peut-on faire sans matériel ? »

Alors, en attendant de pouvoir agir en toute sécurité, Elodie Ferriol ne préfère pas entrer en contact avec une personne contaminée : « La situation nous dépasse tous. Nous devons aussi bien protéger ceux que nous soignons que nos proches. Mais pour ce faire, il nous faut des moyens, des protection­s. Il faut nous entendre : c’est comme si nous étions à poil face au virus. » 1. Un masque FFP2 a une durée de vie de quatre heures s’il ne reçoit aucune projection.

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(DR) Les soignants posent sans blouse pour illustrer leur dénuement face au manque de protection­s.

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