Guéri, le maire de Nice alerte sur « la semaine décisive »
Fièvre, maux de tête, épuisement, quintes de toux, perte de goût… Christian Estrosi évoque « son » Covid-19. Et exhorte la population à respecter le confinement : encore trop de nonchalance
D’abord réticent à l’idée de s’attarder sur son propre cas, Christian Estrosi finit par évoquer « au moins vingtcinq cas positifs » dans son entourage immédiat. Il revient aussi sur le confinement et sur la chloroquine, sans négliger aucune autre piste.
Aujourd’hui guéri, qu’avez-vous traversé ?
Ma petite personne n’est pas très importante. Comme la majorité heureusement – des personnes touchées par le Covid-, j’en suis guéri, voilà tout. On sait que cette épidémie touche actuellement et continuera d’affecter un pourcentage beaucoup, beaucoup plus élevé de la population que ce qui est annoncé. Si l’on regarde simplement mon entourage, cela représente près de la moitié de l’équipe dirigeante de mon cabinet et de l’administration. Soit au moins vingt à vingt-cinq personnes autour de moi qui, sans avoir été testées, ont été diagnostiquées. Porteuses du virus, donc, mais aujourd’hui guéries. Si les statistiques parlent de personnes concernées, j’imagine qu’il y en a un million et sur l’ensemble, % n’ont plus aucun symptôme.
Quels symptômes avezvous présentés ? Quand ont-ils disparu ?
Ce qu’il y a de surprenant, c’est que plusieurs facteurs apparaissent, quelquefois concomitants et quelquefois indépendants.
On se retrouve à un moment de la journée avec des maux de tête, des courbatures et de la fièvre, à un autre moment avec seulement de la fièvre ou des maux de tête, à un autre moment encore, alors que tout semble aller mieux, avec des quintes de toux insupportables, à ne pas retrouver son souffle. Ce qui, dans mon cas, se produisait surtout la nuit. Puis tout s’arrête, mais des courbatures reviennent, et c’est un yoyo incessant. Jusqu’à penser s’en être sorti alors que, d’un coup, vous tombe dessus une phase d’épuisement où, pour aller jusqu’au canapé ou au lit, l’effort est presque insurmontable. Et c’est paradoxal car certains – dans mon équipe, on se compare entre nous – ont perdu le goût et l’odorat dès le début, alors que cela ne s’est déclaré chez moi qu’après la disparition de tous les autres symptômes. Quand j’étais sans doute déjà guéri. Cette maladie est un poison. Dont on se sort généralement très bien mais qui peut avoir des formes graves chez des sujets jeunes et sains.
Votre famille va bien ?
Mon épouse a connu à peu près les mêmes épisodes sur le même calendrier. Sauf la fièvre. Son petit garçon de ans et notre bébé de , ans, rien du tout.
La population se comporte-t-elle comme vous l’espérez ?
Non. Il ne faudrait d’ailleurs pas que le taux de guérison dont nous venons de parler soit une façon de lever l’inquiétude. Nous avons été parmi les premiers à prendre des mesures encore plus strictes que ce que préconisait le gouvernement. La population, dans son immense majorité, en est plutôt respectueuse. Malheureusement, une infime minorité se comporte mal. Considérer qu’aller faire les courses au supermarché, c’est un loisir, une sortie quotidienne, en période de confinement, cela me contrarie. Il faut le dire avec force : nous sommes dans la semaine décisive. On nous annonce le pic pour le ou le avril. C’est le moment où Nice peut suivre la même courbe ou, au contraire, contenir le nombre de ses victimes. Le gros de la vague arrive, je demande à chacun d’en être conscient. Il y a une sorte de nonchalance, une légèreté de la part de certains alors que, dans cet épisode, on n’est pas seulement responsable de soi, mais aussi des autres.
D’où les sanctions ?
On met environ PV par jour à des gens que la police nationale et la police municipale interpellent dans la rue, sans avoir rien à y faire. Dans les transports en commun, % des passagers n’ont aucune raison de s’y trouver.
Quelle est la situation dans les Ehpad de la ville ?
Les seuls retours précis dont je dispose concernent les quatre Ehpad gérés par le Centre communal d’action sociale. Valrose, Grosso, Anciens Combattants et Fornero Menei. Seules les deux premières sont touchées, soit une douzaine de résidents testés positifs. On déplore le décès, à Grosso, d’une dame de ans. Nous avons confiné chaque personne dans sa chambre. Plus aucune partie commune n’est ouverte et chaque secteur a une équipe dédiée, afin d’éviter que les employés ne se croisent. Les agents de ces établissements ont été dépistés. Certains pouvant rester sur place, d’autres se voyant proposer un hôtel.
Avez-vous des retours sur la chloroquine à Nice ?
Je ne suis pas médecin, je refuse toute polémique. Je connais le professeur Didier Raoult depuis longtemps il fait partie de ceux qui me conseillent, mais quand je vois les procès que certains commentateurs lui font sur des plateaux de télévision, je me dis que nous sommes dans une guerre où nous devrions tous nous montrer unis. J’ai veillé à ce que les établissements soient approvisionnés par Sanofi en Hydroxychloroquine, ce à quoi le gouvernement et le directeur général de la Santé ne se sont pas opposés. J’ai veillé aussi à ce que les laboratoires soient dotés de tests car mon combat, c’est de m’assurer que l’on ne manque de rien. Il appartient aux médecins de prescrire ou non. À ce jour, cela a été fait pour des milliers de Français. Le corps médical, dans une immense majorité, considère que, parfaite ou imparfaite, c’est une solution. Et surtout en début de traitement, contrairement à ce que certains affirment. Pour autant, je suis désireux que tous les autres essais cliniques soient menés et qu’ils puissent peut-être apporter d’autres solutions ou une plus grande certitude. Mais nous sommes dans l’urgence.