Monaco-Matin

Boujenah : « Courage ! On gagnera tous ensemble… »

Frappé par le Covid-19 et toujours alité, l’acteur et humoriste se rétablit doucement dans sa maison de St-Paul-de-Vence. Touché par les messages de sympathie, il remercie et ne pense pas qu’à lui

- RECUEILLI PAR FRANCK LECLERC fleclerc@nicematin.fr

Sa voix, au bout du fil, trahit la fatigue. Mais Michel Boujenah se porte mieux. « Je reçois des messages de partout, je suis très touché mais je trouve cet élan démesuré par rapport à ma petite personne. Et je pense d’abord aux gens qui sont seuls, qui souffrent, qui ne savent pas comment faire et ont besoin de soutien. Il faut leur donner de l’attention. De l’amour. »

Il pense aussi « à toutes celles et ceux, soignants ou employés invisibles, qui font un boulot de dingues, comme les livreurs ou les employés du commerce. »

« Qu’on aide les soignants »

Pour lui, tout va bien. Enfin… mieux. « Je suis en train de m’en sortir. Pour moi, il n’y a pas de traitement. Je n’ai pas pris le truc dont tout le monde parle, je ne peux pas. Mais j’ai de la chance, je dois être solide. »

Le virus a failli le terrasser. Les courbature­s, la fièvre, les maux d’estomac. « Et l’épuisement. Un épuisement incroyable. Mais le syndrome respiratoi­re, celui qui nous met le plus en danger, je ne l’ai pratiqueme­nt pas ressenti. »

Une seule règle : le confinemen­t absolu. « Je ne sors pas. Mais pas du tout. Je reste allongé et j’essaie de tenir le coup. J’encourage tous les gens à rester chez eux. Pas question de se dire : ça fait quinze jours, c’est bon. Non ! Ce n’est pas fini, il faut qu’on se batte, tous, et qu’on aide les soignants. Plus il y a de personnes qui sortent, plus il y a de risques. Plus il y a de risques et plus il y a de malades. Plus il y a de malades et moins il y a de place dans les hôpitaux. Il faut vraiment respecter le confine ment et se dire que l’on va gagner tous ensemble. Sinon, on perdra tous ensemble. »

Lui-même a eu très peur de la réanimatio­n. « J’ai tout fait pour ne pas y aller. Déjà, pour laisser de la place aux gens plus atteints que moi. Dans ces moments-là, je ne pense pas à moi mais plutôt aux autres. Parce que les autres, c’est nous. »

« Le rire, une arme contre l’angoisse »

Boujenah en appelle à la solidarité. « Ne nous précipiton­s pas dans les supermarch­és. Que l’on ne s’angoisse pas avec ça : il y a à manger pour tout le monde. » « Franchemen­t, pour moi, tout va bien. Encore une fois, c’est aux soignants que vont mes pensées. Il faut leur donner le matériel, les appareils, les masques, leur donner tous les moyens qui permettron­t d’endiguer ce bordel. »

Pour que le temps paraisse moins long, ses conseils. « Pensez aux gens que vous aimez et riez. Trouvez des trucs drôles. Allez chercher sur Internet des conneries, des bêtises qui vous feront du bien, vous soulageron­t, vous donneront du bonheur momentané. Le rire, c’est une arme formidable contre l’angoisse et le désespoir. Alors, ne vous laissez pas aller. Ayez de la discipline. Faites tel truc de telle heure à telle heure, même si le lendemain il faut le refaire à l’envers. Ce n’est pas grave. Les règles, ça aide à tenir. »

Michel Boujenah est confiant. « Ne vous inquiétez pas, il y aura Ramatuelle [1], le festival se tiendra et on fera la fête. Écrivez-le en gros : courage ! On va gagner. » [1] Michel Boujenah est le directeur artistique du festival de Ramatuelle qui a lieu tous les étés, début août.

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« On gagnera tous ensemble ou on perdra tous ensemble. Respectez le confine

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