RMC : un enterrement… en grandes ondes
Sans prévenir, la station a cessé, vendredi à minuit, sa diffusion en modulation d’amplitude depuis son site historique de Roumoules, sur le plateau de Valensole
Les immenses antennes sont visibles de loin. En bordure du plateau de Valensole, sur les hauteurs du lac de Sainte-Croix, le site de diffusion de Roumoules était, depuis son inauguration en 1974, le point de départ hertzien du programme de Radio Monte Carlo (RMC). Trois mâts rouge et blanc de 300 mètres pointés vers le ciel, gérés par Monaco Média Diffusion, propriété de l’État monégasque (51 %) et de TDF (49 %), qui permettaient la diffusion en modulation d’amplitude (AM) de la radio sur l’ensemble du territoire français et dans les pays limitrophes. Dans la nuit de vendredi à samedi, à minuit pile, la station « info, talk, sports » a mis fin à ce mode de diffusion, provoquant la surprise de bon nombre d’auditeurs qui n’avaient pas été informés. La surprise donc, et le silence : le 216 kHz sonne désormais vide depuis sur les postes de radio dans les cuisines, les voitures et les salles de bains.
Peu d’auditeurs en AM
RMC continue bien sûr d’émettre en modulation de fréquence (la FM), en radio numérique terrestre (le DAB +), en streaming sur son site internet et son application smartphone.
« C’est l’évolution des modes
d’écoute de la radio qui a poussé RMC à faire ce choix. La station estime que peu d’auditeurs écoutent encore ses programmes en AM alors que le coût de diffusion avec cette technologie est élevé », explique un spécialiste de
la radio. Il est vrai que la qualité d’écoute de la modulation d’amplitude est loin derrière celle de la FM ou du streaming, avec une bande passante audio proche de celle d’un téléphone. Mais ces ondes ont l’avantage
d’avoir une portée immense, ce qui permet à la totalité du territoire d’être couverte, là où la FM et la 4G ne passent pas. «Cesont des ondes de courte portée et les régions montagnardes ou rurales ne pourront pas
les recevoir sans mise en place d’émetteurs à proximité », détaille un expert.
Après France Inter et Europe
RMC n’est pas la première radio à avoir renoncé à ce
mode de diffusion. Le 31 décembre dernier, Europe 1, là aussi en cachette, prétextant une panne technique dans un premier temps, a cessé d’émettre en modulation d’amplitude. En décembre 2016, c’est la radio du service public France Inter qui avait coupé le son depuis son émetteur d’Allouis, dans le Cher, qui ne sert plus désormais qu’à envoyer un signal horaire de référence, utilisé notamment pour synchroniser les horloges des gares… Les mesures Médiamétrie d’audience diront dans quelques mois si RMC a fait le bon choix.