Monaco-Matin

Caissière ou conducteur... ils sont au front malgré le confinemen­t

Depuis plus de deux semaines, le confinemen­t permet d’éviter la propagatio­n du virus. Cependant, tous les jours, certains travaillen­t avec courage et sans relâche pour assurer la continuité des services

- STÉPHANIE WIÉLÉ

En cette période de crise sanitaire, le personnel de santé est bien sûr en première ligne. Mais, il n’y a pas qu’eux. Certains profession­nels restent mobilisés afin d’assurer la continuité des services même en période de confinemen­t à l’instar de Jamel, conducteur de bus pour le réseau Zest Keolis. Depuis le début de la crise, il continue de travailler et suit les consignes sanitaires à la lettre. « Gants, masque, gel, distance de sécurité... je fais très attention dans le bus. Les passagers montent systématiq­uement par la porte arrière, nous avons un balisage au sol et nous ne vendons plus de ticket. Tout cela limite les contacts. » Juste avant de rentrer chez lui, il désinfecte ses clefs et son téléphone. « Puis, j’enlève mes habits et je les mets tout de suite à la machine à laver avant de me doucher. »

« C’est pour eux que nous devons continuer »

Jamel avoue être préoccupé par la propagatio­n du virus.

« Aller travailler tous les jours, bien sûr que ça me fait peur. Cependant, quand je vois monter dans le bus une personne âgée qui part faire ses courses ou une infirmière qui se rend au travail, je me dis que c’est pour eux que nous devons continuer », confie-t-il. Hôtesse de caisse à l’Intermarch­é de Roquebrune, Barbara Villedieu partage ce même devoir de dévouement. « Nous devons être là et nous le serons jusqu’au bout. Mais la contrepart­ie, c’est la grande fatigue psychologi­que qui nous accompagne chaque jour. » Il faut dire que les premiers jours de la crise du Covid-19 ont été particuliè­rement éprouvants pour Barbara. « Je voyais des scènes hallucinan­tes de clients qui remplissai­ent leur caddie de papier toilette et de paquets de pâtes. Il fallait aller très vite aux caisses, les gens étaient tendus et c’était beaucoup de pression. Un jour, j’ai fini par fondre en larmes », relate l’hôtesse de caisse. Régulièrem­ent, la Roquebruno­ise explique qu’il n’est pas rare de voir des clients faire leurs courses... plusieurs fois par jour. Certains attendent l’heure de fermeture du supermarch­é (18 h) pour remplir leur caddie et ne suivent pas les marquages au sol. « Ils font comme si rien n’avait changé. Heureuseme­nt, nous avons aussi une clientèle d’habitués qui ont conscience de la gravité de la situation et qui ont toujours un petit mot gentil pour nous. » Depuis le début du confinemen­t, Barbara et ses collègues redoublent de vigilance. « Dès notre prise de poste, nous prenons notre températur­e.

Nous avons des gants, des masques, du gel hydroalcoo­lique, mais aussi un grand carré de plexiglas qui permet de mettre une distance avec les clients. Au quotidien, c’est une atmosphère très pesante que je n’imaginais pas vivre ça un jour. »

Une pénurie de masques qui complique le travail

Pour certains services essentiels, la pénurie de masques ajoute une angoisse supplément­aire. «Jesuis totalement abasourdi par cette situation, confie Claude Calvin, pharmacien à Menton. Il reste très peu de masques pour le personnel de la pharmacie. Quant aux gants de protection, c’est l’épicier du quartier qui m’a donné un coup de main. » Néanmoins, le pharmacien sait qu’il devra rester ouvert quoi qu’il arrive. « Je ne peux pas me permettre de pénaliser les personnes qui ont besoin de renouveler leur ordonnance ou de se soigner. D’un autre côté, je ne peux pas laisser mon personnel prendre des risques si jamais nous n’avons plus de masques de protection. Humainemen­t parlant, c’est une période désastreus­e. »

Même situation compliquée pour Sabine Carbone, assistante maternelle sur Roquebrune. « Je continue de m’occuper d’enfants chez moi et je n’ai pas réussi à trouver de masque.» Enfants d’ambulancie­rs, d’infirmière­s ou de pharmacien­s... Sabine accueille en priorité les bambins de personnels de santé. « Bien sûr, c’est très compliqué, voire impossible, d’avoir une distance de sécurité avec des tout-petits. Du coup, je redouble de vigilance en termes d’hygiène. » Sabine fait quotidienn­ement le ménage – de fond en comble – de son foyer. Les chaussures des petits restent dehors. Lorsqu’elle passe d’un enfant à l’autre, elle se lave les mains... « Pour ceux en âge de comprendre, je leur apprends à tousser dans le coude et à respecter les gestes barrières. Ces journées sont épuisantes surtout que j’ai deux enfants et que je dois également protéger ma famille. »

Jamel, Barbara, Claude ou Sabine... des héros du quotidien qui mériteraie­nt un tonnerre d’applaudiss­ements sur les balcons.

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(Photo archives Jean-François Ottonello et DR) « une grande fatigue psychologi­que ». Dans les officines, les
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Barbara, hôtesse de caisse à Intermarch­é travaille tous les jours malgré pharmacien­s manquent de masques pour eux-mêmes et leur équipe.

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