Monaco-Matin

Le Boeuf couronné, avenue Soleau, va tirer définitive­ment le rideau

Après 30 ans passés dans sa boucherie, Jean Massenet a décidé de prendre une retraite méritée

- SERGE JAUSAS antibes@nicematin.fr

Il est bien connu au quartier de l'Etoile… d'Antibes. Après trente ans sur le « billot » dans sa petite boucherie de l'avenue Robert-Soleau, Jean Massenet va prochainem­ent tirer le rideau (dans l’attente de son futur repreneur).

Originaire de l'Est de la France, Jeannot a appris son métier de boucher au centre-ville de Metz. Dans les années 70, il tente sa chance dans la capitale et sera employé dans de grandes maisons comme « Poussins », place de la Madeleine avec le meilleur ouvrier de France.

En 1980, il vient sur la Côte d'Azur et embauche à Cannes à la « Cannoise ». Puis, il a envie de voler de ses propres ailes et ouvre deux boucheries, une à la Bocca, l'autre au Cannet-Rocheville. Mais le boucher à la bougeotte. Il revend tout et vient s'installer en 1989 à Antibes dans cette petite boucherie en face de la Civette de l'Etoile. À l’époque, un quartier très dynamique et commerçant.

« J'ai appelé mon commerce Au Boeuf couronné du nom d'un établissem­ent parisien qui m'a fait travailler, et dont j'ai gardé un excellent souvenir, notamment du patron très sympa. »

Une commande à 98 000 euros

« J'ai toujours aimé Antibes. Je m'y trouve bien. Un village où tout le monde se connaît dans le quartier. C'est plus convivial que Cannes. Les clients sont devenus des amis. » Il faut dire que Jeannot est bien placé juste avant le feu tricolore de la place de l'Etoile. Résultat les automobili­stes s'arrêtent, même au vert, pour saluer le boucher, quitte à se faire klaxonner.

Quant aux clients, ils ne viennent pas que pour le steak mais pour tailler aussi la bavette. Car Jeannot a du coeur et la langue bien pendue. Et s’il vous appelle mon « Loulou », c'est qu'il a oublié votre prénom.

Renommé pour sa viande, Jeannot a servi les grandes villas du Cap d'Antibes. « Les gens mangent moins de viande mais choisissen­t la qualité, surtout pour les repas en famille. »

Son meilleur souvenir : « Un jour, au début de l'Euro, un Russe m'a commandé 98 000 euros de viande pour son gros yacht. Moi, petit boucher, j'ai dû me surpasser et livrer avec deux camionnett­es. »

Un beau métier

C'est avec un pincement au coeur que Jeannot a mis un panneau sur sa devanture : fermeture pour cause de retraite.

« J'aurai aimé que ce soit un jeune qui reprenne le flambeau, car c'est un beau métier qui a été souvent dévalorisé. On parle du boucher de Lyon et lorsqu'un chirurgien loupe un patient on le traite de boucher. Mais nous, on fait ça bien ! »

Et comble de tout : Vesna, l'épouse de Jeannot est végétarien­ne. « Mais elle n'hésite pas à manger des petits farcis niçois ! La viande ne se voit pas elle est cachée sous le chapeau des tomates ! », dit-il avec un petit sourire.

Une fois le volet tiré que va faire le boucher ? À la retraite Jeannot ne va pas s'ennuyer. Sur son Harley

Davidson, il va continuer à sillonner le monde avec sa bande de copain. Et son rêve : faire le tour de la Scandinavi­e jusqu'au cercle polaire. Mais il aime aussi la pêche, la montagne et pratique le golf. Sans oublier qu'il ira passer du bon temps auprès de sa fille, journalist­e à Brisbane en Australie. C'est une figure bien sympathiqu­e qui va quitter le quartier. Mais rassurez-vous, il reste Antibois avant tout.

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(Photo S. J.) Jean Massenet va quitter sa petite boucherie chère aux habitants du quartier.

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