Monaco-Matin

Désormais 24 morts

Le bilan humain, à la maison de retraite « La Riviera » ne cesse de s’alourdir. La préfecture annonce le début des tests Covid-19 et regrette une réaction trop lente du groupe Korian

- GRÉGORY LECLERC gleclerc@nicematin.fr

La situation est chaque jour de plus en plus dramatique et terrifiant­e – le mot n’est pas trop fort – au sein de l’Ehpad de Mougins. Hier après-midi, l’Agence régionale de santé confirmait 24 décès. Le dernier bilan, communiqué mardi, était jusque-là de dix-neuf pensionnai­res décédés du Covid-19.

Ils étaient une centaine de pensionnai­res au début de la crise. Ils ne seraient plus que 75 environ. Aucun chiffre précis n’a été communiqué.

Le bilan pourrait encore s’alourdir. C’est l’avis du maire de Mougins, Richard Galy, médecin généralist­e. « Je pense que ce n’est pas fini. À mon avis cela ne va pas s’arrêter, je suis très pessimiste » (lire ci-dessous).

L’omerta

Que se passe-t-il entre les murs de l’Ehpad « La Riviera » ? Il faut bien le dire, depuis plusieurs jours notre rédaction a eu toutes les peines du monde à le savoir. Lundi, il aura fallu un informateu­r anonyme pour que nous soyons alertés.

Rien n’avait fuité, les familles elles-mêmes ignoraient l’ampleur du drame. Il aura fallu beaucoup de coups de fil pour que, finalement, l’Agence régionale de santé ne nous confirme le bilan de douze morts, passé mardi à dix-neuf. Et désormais à vingt-quatre. Un drame absolu, qui glace le sang. Et qui plonge les proches des résidents qui se trouvent encore au sein de l’établissem­ent dans une angoisse terrible. C’est le cas de Robert Fanna : « Ils laissent mourir nos vieux ! », s’exclame-t-il dans un cri de douleur et de détresse. Sa maman et son frère sont toujours dans l’Ehpad (lire par ailleurs). D’autres, qui ont déjà perdu l’un des leurs, commencent à se fédérer dans le but de déposer plainte contre le groupe Korian et les responsabl­es de ce désastre. Ils estiment qu’on leur a menti sur la situation dans l’établissem­ent. «Onnous avait prévenus qu’une personne était décédée du coronaviru­s il y a quinze jours, mais après on nous affirmait que tout allait bien », indiquent-ils tous en substance. Mercredi, Nice-Matin apu constater que deux résidents étaient ramenés en ambulance au sein de l’établissem­ent, sans logique apparente. L’Agence régionale de santé, la préfecture et le maire de Mougins ont travaillé, indiquent-ils, main dans la main, depuis la semaine dernière.

Mais, hier soir, la sous-préfète de Grasse, Anne Frackowiak-Jacobs, n’y allait pas par quatre chemins. Elle évoquait des « lenteurs de réaction » du groupe Korian. Lenteurs qui, on le sait en pareille crise, peuvent se traduire par des morts supplément­aires.

Sur la question cruciale des tests Covid-19, pour savoir qui est infecté ou non parmi ceux qu’il faut bien appeler des survivants, la sous-préfète annonce qu’ils seront réalisés aujourd’hui et demain. L’urgence est désormais sanitaire. Sauver les derniers résidents de l’Ehpad de la mort. Viendra ensuite le temps des questions. Et, peut-être celui des comptes devant la justice.

C’est ce que disent vouloir aujourd’hui des familles « écoeurées » par la gestion du drame.

 ?? (Photo Dylan Meiffret) ?? Les corbillard­s, mercredi, devant l’Ehpad de Mougins. À l’intérieur, le drame humain est terrifiant.
(Photo Dylan Meiffret) Les corbillard­s, mercredi, devant l’Ehpad de Mougins. À l’intérieur, le drame humain est terrifiant.

Newspapers in French

Newspapers from Monaco