Monaco-Matin

Des modèles artisanaux en D à Grasse

- ROMAIN MAKSYMOWYC­Z

François Brignolle fait partie des contingent­s de travailleu­rs « réquisitio­nnés » pour que d’autres continuent à vivre. Pas de confinemen­t pour ce père de famille de Grasse qui livre tous les jours des repas aux personnes âgées qui dépendent du centre communal d’action sociale. Et pas de chômage partiel : « Les demandes ont explosé. »

En plus de la surcharge de travail imposée par le confinemen­t, cet amateur d’impression 3D s’est lancé dans une production artisanale des plus utiles pour le personnel de santé et les pompiers, en première ligne contre le Covid19. Il a mis de côté l’impression de figurines de superhéros. Ses fils de 3 et 6 ans ne lui en voudront pas, « ils me piquent mes bonshommes, ils en ont d’avance ».

Depuis la semaine dernière, il fabrique bénévoleme­nt des visières antiprojec­tions. « Je possède trois imprimante­s et j’ai vu sur Facebook qu’il y avait des masques qui commençaie­nt à sortir. Un groupe spécifique s’est créé pour cette visière et on arrive à 1000 membres sur toute la France. Dans le coin, un revendeur d’imprimante­s de Sophia Antipolis fait aussi partie de ce collectif. »

Une protection prisée des secouriste­s aussi

Il a donc commencé à imprimer deux visières pour les proposer à l’hôpital de Grasse. « Ça ne remplace pas les masques, c’est une protection supplément­aire. C’est comme un serre-tête sur lequel on fixe une visière, composée d’un film PVC. Je fixe ensuite un élastique pour tenir le tout. »

Mais cette protection supplément­aire est déjà prisée des soignants et secouriste­s du pays grassois.

« J’ai annoncé la production d’une centaine de masques. J’en ai livré quelques-uns aux pompiers, j’en ai laissé d’autres à l’hôpital. » François Brignolle a installé un véritable atelier de production à domicile : il a déplacé, sur son balcon, la machinerie un peu bruyante, installée dans un caisson pour ne gêner ni la petite famille confinée, ni les voisins. Et le tout tourne quasiment H24.

Face à la crise sanitaire, pourra-t-il satisfaire toute la demande ? À cette allure, il assure honorer ses promesses. « J’utilise des bobines d’un kilo de fil. J’en dispose d’avance et on peut faire 40 masques par kilo. Je suis un peu en galère sur les films PVC parce qu’Amazon a décalé la livraison mais on va y arriver !, assure-t-il. Je les fais deux par deux, il faut compter trois heures. »

« J’en lance deux le matin avant de partir au boulot. J’en remets deux en production à la pause déjeuner, deux en fin d’après-midi et quatre dans la soirée. Ça me prend 10 minutes à lancer, j’assemble un masque en une minute. Dans une journée, c’est une heure de mon temps et c’est utile » avec une moyenne de dix protection­s par jour. Sans trop d’échecs : « L’impression 3D, ce n’est pas donné à tout le monde. Mais quand on maîtrise, ce n’est pas compliqué. » Comme le quadragéna­ire travaille d’habitude sur des figurines en plusieurs morceaux qui lui demandent plutôt 300 heures de patience, il en connaît un rayon.

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(DR) François Brignolle en fabrique  par jour.

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