Monaco-Matin

SOS Amitié : « Le nombre d’appels sera un record... »

L’associatio­n dédiée à l’écoute des maux constate le besoin croissant d’être entendu en cette période de confinemen­t. Au sein du poste de Nice, l’apaisement des angoisses prime

- PROPOS RECUEILLIS PAR MARGOT DASQUE mdasque@nicematin.fr

Anonyme, bienveilla­nt, confidenti­el. Voici le mantra des oreilles grandes ouvertes de SOS Amitié. La structure niçoise qui, tout au long de l’année, reçoit les appels au 04.93.26.26.26., vit une période particuliè­re en cette crise sanitaire. Confinemen­t oblige, les têteà-tête avec soi-même ne sont plus un choix. Une solitude mais également un face-à-face avec ses proches qui peut fragiliser tout un chacun. À ce titre, Huguette Le Bec, directrice du poste pour l’associatio­n dans les Alpes-Maritimes, constate un réel besoin d’écoute dans notre départemen­t.

Statistiqu­ement, quelle place prend le Covid- dans vos appels ?

C’est simple : sur  appels,  vont concerner le coronaviru­s et le confinemen­t.

Avec une augmentati­on des appels ?

Considérab­le. Je n’ai pas de chiffre exact, mais il faut savoir qu’à l’année, SOS Amitiés traite   à un million d’appels. Donc le téléphone sonne tout le temps. Mais là, c’est considérab­le : vous n’avez même pas le temps de reposer le combiné qu’un autre appel entre, aussi bien de jour comme de nuit.

Avez-vous besoin de plus d’écoutants ?

À Nice, nous sommes une équipe de vingt-trois. On me pose beaucoup la question depuis le début de la crise sanitaire, mais nous ne pouvons pas recruter de nouveaux écoutants du jour au lendemain : cela nécessite une formation de trois mois.

Comment faites-vous face à cet afflux avec la même équipe ?

En prenant un rythme différent. On ne peut pas dire que nous n’avons pas le temps ! Nous nous mobilisons davantage en termes de temps.

Une formation spécifique a-telle été menée auprès de votre équipe au sujet du coronaviru­s ?

Nous en avons parlé ensemble. Mais non, nous n’avons pas eu un atelier dédié à cela. Tout simplement parce que ce n’est pas notre rôle d’informer les gens sur ce virus. Nous ne sommes ni médecins, ni psy, ni thérapeute­s. Nous restons à l’écoute de la personne qui appelle.

Quelles inquiétude­s reviennent le plus souvent en ce moment ?

Les émotions liées au confinemen­t ainsi que la peur, l’angoisse face à l’avenir. Il y a une réelle détresse.

Des plus fragiles ?

Les personnes qui étaient déjà en rupture avec la société le sont d’autant plus. Ils ne savent plus vers qui se tourner. Et nous constatons une hausse de « premiers appels », des personnes qui ne nous avaient jamais contactés auparavant.

C’est significat­if !

Je crois que l’on commence à parler de nous de plus en plus en ce moment…

Combien de temps dure un appel ?

C’est au cas par cas. En moyenne vingt minutes. Pour certaines personnes, c’est très rapide. Après un petit quart d’heure, elles nous remercient et raccrochen­t. Pour d’autres on dépasse largement l’heure lorsque la situation est lourde, très angoissant­e voire dramatique…

Quel est votre objectif au bout du fil ?

Apaiser la personne. On ne met pas un terme à la conversati­on avant que cela soit fait. Concernant le virus, on ne rentre surtout pas dans le médical.

Savoir +

Le numéro commun S.O.S Amitié 24/24 7/7 : 09.72. 39.40.50. Celui de Nice : 04.93.26.26.26. Également par mail (réponse sous 48 heures) via www.sosamitie.com et via chat www.sosamitie.com/web/internet/chat

 ?? (Photo Sébastien Botella) ?? SOS Amitié reçoit les appels sept jours sur sept,  heures sur  de façon anonyme.
(Photo Sébastien Botella) SOS Amitié reçoit les appels sept jours sur sept,  heures sur  de façon anonyme.

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