Nice : un projectile blesse une policière au visage
Lorsque Sarah nous rappelle, hier soir, elle vient de boucler une nouvelle journée sur le terrain à Nice. Aux Moulins, en zone de sécurité prioritaire. Malgré la douleur. Malgré la marque de l’agression que cette policière municipale a subie, la veille, au visage. « Ça ne va pas me décourager, au contraire. C’est comme quand on tombe de vélo : il faut remonter en selle tout de suite ! » Sarah n’est pas tombée de vélo. C’est un projectile, non identifié, qui lui est tombé dessus. Lancé plusieurs étages au-dessus de sa tête. Sarah, 41 ans dont dix-huit avec l’uniforme, procédait à une opération de contrôle à Nice-Nord, afin de faire respecter le confinement.
« J’ai senti que ça allait vriller »
Mercredi, 18 h 15. L’équipage de la municipale intervient au 103 avenue Henri-Dunant, au pied de la résidence Vallon des Fleurs, vaste ensemble HLM. « Un certain nombre d’individus, jeunes majeurs, ne respectent pas le confinement. » Il y a là trois ou quatre jeunes, majeurs, « récalcitrants et assez virulents ». Filmés par une équipe de télévision, Sarah et ses collègues demandent à voir leurs attestations de déplacement. « Le ton est monté. Il y a eu des éclats de voix, une situation de tension. On a commencé à recevoir les premiers projectiles sur les véhicules, causant des bruits sourds. On avait beau être nombreux, j’ai demandé des renforts : j’ai senti que ça allait vriller... »
La suite lui donne raison. Alors qu’une collègue armée d’un flash-ball lance un rappel à l’ordre à pleins poumons, Sarah sent « un choc hyper violent à la face, sans pouvoir déterminer ce que c’était, ni d’où ça venait. Ça a tapé le haut de mon masque.
Je me suis tenu le visage avec mes mains. J’ai hurlé, pleuré de douleur... Mais j’ai essayé de garder ma lucidité, car mes collègues n’étaient pas forcément en bonne posture. Il fallait passer le message radio. C’était chaud ! »
La collègue au flash-ball se rue dans les parties communes pour tenter de débusquer l’agresseur. Les renforts arrivent dans la foulée. «Ensuite, je suis un peu dans les vaps... » Sarah est mise en sécurité. Les sapeurs-pompiers l’évacuent vers Pasteur 2. Diagnostic : « Blessure de la face légère. Léger trauma. Le médecin a envisagé une éventuelle fracture. Il faut que je fasse des radios. »
Sur la voie publique, Sarah a déjà connu les caillassages, les interpellations houleuses. Mais cette agression paraît d’autant plus absurde au vu de l’urgence sanitaire. Difficile à faire entendre à certains jeunes. « Ils ne l’interprètent pas comme ça. Ils réfutent la règle. Quand on fait de la pédagogie, ça ne les émeut pas », soupire Sarah.
« Acte gravissime »
La policière a déposé plainte hier. Le procureur de la République de Nice, Xavier Bonhomme, indique avoir confié l’enquête à la sûreté départementale. Le maire Christian Estrosi, qui a révélé l’agression sur Twitter, l’a qualifiée d’« acte criminel odieux » qui « ne restera pas impuni. S’en prendre à nos policiers, qui prennent euxmêmes des risques pour que le confinement soit respecté, c’est inqualifiable. »
Sarah attend une réponse judiciaire « à la mesure de cet acte gravissime ». Sa satisfaction : ses collègues ont contrôlé, et verbalisé, les jeunes récalcitrants. Pour elle, y renoncer « était inconcevable. »