Monaco-Matin

Nice : un projectile blesse une policière au visage

- CHRISTOPHE CIRONE ccirone@nicematin.fr

Lorsque Sarah nous rappelle, hier soir, elle vient de boucler une nouvelle journée sur le terrain à Nice. Aux Moulins, en zone de sécurité prioritair­e. Malgré la douleur. Malgré la marque de l’agression que cette policière municipale a subie, la veille, au visage. « Ça ne va pas me décourager, au contraire. C’est comme quand on tombe de vélo : il faut remonter en selle tout de suite ! » Sarah n’est pas tombée de vélo. C’est un projectile, non identifié, qui lui est tombé dessus. Lancé plusieurs étages au-dessus de sa tête. Sarah, 41 ans dont dix-huit avec l’uniforme, procédait à une opération de contrôle à Nice-Nord, afin de faire respecter le confinemen­t.

« J’ai senti que ça allait vriller »

Mercredi, 18 h 15. L’équipage de la municipale intervient au 103 avenue Henri-Dunant, au pied de la résidence Vallon des Fleurs, vaste ensemble HLM. « Un certain nombre d’individus, jeunes majeurs, ne respectent pas le confinemen­t. » Il y a là trois ou quatre jeunes, majeurs, « récalcitra­nts et assez virulents ». Filmés par une équipe de télévision, Sarah et ses collègues demandent à voir leurs attestatio­ns de déplacemen­t. « Le ton est monté. Il y a eu des éclats de voix, une situation de tension. On a commencé à recevoir les premiers projectile­s sur les véhicules, causant des bruits sourds. On avait beau être nombreux, j’ai demandé des renforts : j’ai senti que ça allait vriller... »

La suite lui donne raison. Alors qu’une collègue armée d’un flash-ball lance un rappel à l’ordre à pleins poumons, Sarah sent « un choc hyper violent à la face, sans pouvoir déterminer ce que c’était, ni d’où ça venait. Ça a tapé le haut de mon masque.

Je me suis tenu le visage avec mes mains. J’ai hurlé, pleuré de douleur... Mais j’ai essayé de garder ma lucidité, car mes collègues n’étaient pas forcément en bonne posture. Il fallait passer le message radio. C’était chaud ! »

La collègue au flash-ball se rue dans les parties communes pour tenter de débusquer l’agresseur. Les renforts arrivent dans la foulée. «Ensuite, je suis un peu dans les vaps... » Sarah est mise en sécurité. Les sapeurs-pompiers l’évacuent vers Pasteur 2. Diagnostic : « Blessure de la face légère. Léger trauma. Le médecin a envisagé une éventuelle fracture. Il faut que je fasse des radios. »

Sur la voie publique, Sarah a déjà connu les caillassag­es, les interpella­tions houleuses. Mais cette agression paraît d’autant plus absurde au vu de l’urgence sanitaire. Difficile à faire entendre à certains jeunes. « Ils ne l’interprète­nt pas comme ça. Ils réfutent la règle. Quand on fait de la pédagogie, ça ne les émeut pas », soupire Sarah.

« Acte gravissime »

La policière a déposé plainte hier. Le procureur de la République de Nice, Xavier Bonhomme, indique avoir confié l’enquête à la sûreté départemen­tale. Le maire Christian Estrosi, qui a révélé l’agression sur Twitter, l’a qualifiée d’« acte criminel odieux » qui « ne restera pas impuni. S’en prendre à nos policiers, qui prennent euxmêmes des risques pour que le confinemen­t soit respecté, c’est inqualifia­ble. »

Sarah attend une réponse judiciaire « à la mesure de cet acte gravissime ». Sa satisfacti­on : ses collègues ont contrôlé, et verbalisé, les jeunes récalcitra­nts. Pour elle, y renoncer « était inconcevab­le. »

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(Photo C. D.) La police municipale lors d’une patrouille.

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