Un contrôle dérape à Nice

Issa est l’un des rares prévenus de l’après-midi à avoir fait le déplacement devant le tribunal correctionnel. Les autres sont jugés en visio-conférence depuis la maison d’arrêt. Issa se présente encadré de deux policiers. Les trois sont équipés de masque de protection.

Jeune Malien de  ans, il maîtrise mal le français et a du mal à comprendre les questions du président Guillaume Saint-Cricq. Le jeune homme sortait de son travail (il est apprenti dans une boucherie de Gorbella à Nice) quand des policiers municipaux lui ont demandé son attestation de déplacement dérogatoire et une pièce d’identité. En situation irrégulière, il n’a pu présenter qu’une carte bancaire et une attestation incomplète. Le ton est monté. Le parquet lui reproche d’avoir poussé l’un des agents (qui n’a pas été blessé), d’avoir craché sur ses chaussures et de l’avoir injurié.

Le jeune homme est jugé en comparution immédiate pour violences sur personne dépositaire de l’autorité publique. Certes, Issa a signé le procès-verbal où il admet les faits mais il ne sait ni lire, ni écrire et montre à l’audience de grosses difficultés de compréhension. Il nie désormais tout propos déplacés : «J’aipeurdela police », souligne-t-il. Tout en admettant qu’il s’énerve vite depuis sa traversée tragique de la Méditerranée.

«J’aimelaFrance»

« Nous étions trente-six sur le bateau. Dix-sept sont morts ». « Pourquoi être venu à Nice ? », s’enquiert le président. « Parce que j’aime la France », répond comme une évidence Issa. La procureure Clémence Bravais dénonce « une attitude hostile, virulente », du jeune homme même si elle admet que le malentendu peut être lié à la mauvaise maîtrise de la langue française du jeune exilé. Six mois de prison avec sursis sont requis. Me Romain Toesca rappelle que son client, en France depuis un an, inconnu à ce jour de la justice n’a jamais cessé de travailler. Le tribunal ramène la peine à un mois avec sursis sans mention au casier judiciaire pour éviter de mettre en péril sa demande d’asile.