Le er président de la cour d’appel d’Aix succombe à un infarctus
La mort frappe sans prévenir, avec ou sans Covid-19 », a réagi Xavier Ronsin, dans un tweet chargé d’émotion. Le président de la Conférence nationale des premiers présidents de cours d’appel y saluait la mémoire de l’un des siens : Eric Négron. Ce « grand magistrat », qui était à la barre de la cour d’appel d’Aix-en-Provence, est décédé brutalement à l’âge de 59 ans. Dans une interview qu’il venait d’accorder à une revue spécialisée de juristes, Eric Négron expliquait, en détail, comment la justice s’évertuait à continuer par temps de pandémie. Ce n’est pas le coronavirus qui l’aura emporté peu après. Mais un infarctus, qui l’a emporté dans la nuit du 31 mars au 1er avril, à son domicile.
« Sa disparition brutale » a suscité une « immense douleur » au sein de « la famille judiciaire », selon les termes du communiqué de la cour d’appel d’Aix. Sur Twitter, les multiples hommages traduisent un attachement sincère, tant à l’homme qu’au magistrat disparu.
Précurseur
Ce Limougeaud débute sa carrière en 1987, à l’instruction, à Auxerre. Eric Négron rejoint ensuite la Chancellerie en 1990, puis est promu chef du bureau des services informatiques. En 1998, il est nommé magistrat au tribunal de grande instance de Paris. En 2001, il devient viceprésident du TGI d’Evry, tout en intervenant régulièrement à l’Ecole nationale de la magistrature.
Sa carrière de président débute à Châteauroux en 2003. Il y impulse un projet novateur de numérisation des procédures pénales. En 2008, il endosse le même costume dans sa ville d’origine, à Limoges.
Il est promu en 2010 au TGI de Lille, puis devient vice-président de la cour d’appel de Montpellier en 2014, et enfin, d’Aix-en-Provence en 2017.
C’est à cette juridiction que sont liés les tribunaux judiciaires de Nice et Grasse. À l’annonce du décès d’Eric Négron, des protagonistes de la vie judiciaire azuréenne ont témoigné leur « stupeur » .À l’instar de l’ex-bâtonnier de Grasse Roland Rodriguez, sur Twitter : « Nous perdons un très grand magistrat, brillant, passionné, chaleureux et respectueux des avocats [...]. Au revoir monsieur le Premier Président ».
« Un guide pour nous tous »
Xavier Bonhomme, procureur de la République arrivé à Nice fin 2019, n’aura pas eu le temps de connaître davantage Eric Négron. « Mais je crois pouvoir dire que tous les magistrats reconnaissaient en lui d’exceptionnelles compétences professionnelles que couronnait un remarquable parcours, une très grande humanité et de très fortes exigences déontologiques. » En somme, Eric Négron incarnait « des références évidentes et un guide pour tous les chefs de juridiction et tous mes collègues magistrats. »
La garde des Sceaux, Nicole Belloubet, salue, pour sa part, « un chef de cour particulièrement engagé, toujours attentif aux autres » ,un « homme de dialogue », un « administrateur hors pair, impliqué dans tous les projets actuels de modernisation de la justice ». Cette justice avance décidément en claudiquant, cette année, de la grève des avocats à la crise sanitaire. Elle vient de perdre là l’un de ses plus zélés serviteurs.