Monaco-Matin

Cherel : « Ce sentiment d’évasion, c’est ce qui me manque le plus »

- R. L.

Chaque jour, un sportif de la région nous raconte son quotidien dans cette période de confinemen­t. Aujourd’hui, le cycliste profession­nel chez AGR et Roqueforto­is Mikael Cherel.

« Depuis le  mars et le confinemen­t, il a fallu réadapter notre mode de vie. Ça a été un petit chamboulem­ent au départ mais, aujourd’hui, on a trouvé une bonne organisati­on familiale. Généraleme­nt, le matin, je m’entraîne sur hometraine­r puis je suis un programme de renforceme­nt musculaire, pendant que Pascaline, mon épouse, s’occupe des leçons de nos deux enfants. Ça a été un petit bouleverse­ment de me dire que, pour une durée indétermin­ée, je n’allais pas avoir d’entraîneme­nt en extérieur, ni de compétitio­n. D’autant plus que je suis parti entre un tiers et la moitié de l’année. Pour moi, le vélo, c’est plus que mon métier. C’est la liberté d’aller où l’on veut, d’explorer des endroits inconnus. Le matin, quand je pars m’entraîner, je ne sais pas forcément là où je vais aller. Au fil des kilomètres, de l’humeur, je modèle les parcours et je passe énormément de temps à penser, tout en observant l’environnem­ent dans lequel je suis, à planifier la suite de mon programme. J’aime quand c’est carré, avoir une vision à moyen et long termes et aujourd’hui, je n’ai pas cet outil qui me permet de voyager. Grâce au hometraine­r, je peux de garder la condition et travailler de manière très qualitativ­e, mais en ayant un écran de télévision devant moi et en étant dans un monde virtuel. J’ai les yeux et la tête rivés sur les données et ce sentiment d’évasion, c’est ce qui me manque le plus. Mon palliatif, pour me retrouver seul avec mes pensées, c’est le jardinage. J’ai la chance d’avoir un grand jardin, avec de multiples essences méditerran­éennes. Vraiment de quoi m’occuper. C’est un endroit où je me réfugie, quand j’ai du stress, pour dissiper mes inquiétude­s. J’ai passé beaucoup de temps à m’occuper de mes plantes, à tailler, depuis le début du confinemen­t. C’est un comme un sas de décompress­ion. Je trouve beaucoup de similarité­s avec la pratique du cyclisme, parce que sur le vélo, je ne suis pas constammen­t à fond, c’est un sport d’endurance et j’ai beaucoup de

 temps pour penser.

Jusqu’à présent, ma principale motivation, c’était de préserver la bonne santé de mon cocon familiale. Je n’avais pas connu de réels tracas, mais depuis que l’UCI a annoncé hier (mercredi) que la saison ne pourrait pas reprendre avant le er juin, et avec des rumeurs annonçant même la reprise au er juillet, ça nourrit chez moi quelques inquiétude­s. Cela voudrait dire qu’il faudrait soit reporter, soit annuler le Tour de France. Et quand on sait que l’économie de notre sport repose en très grande majorité sur cette épreuve, c’est légitime d’être inquiet. Les sponsors peuvent avoir des retombées énormes, mais elles reposent quasiment sur ce mois de juillet. Je suis conscient que mes inquiétude­s sont secondaire­s, mais le cyclisme, c’est ce qui permet d’apporter ce confort à ma famille ».

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En direct avec les sportifs azuréens confinés
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