Le football à la limite du hors-jeu

Sport de masse par excellence, le football a souvent été le parent pauvre du septième. La sortie récente du film Ultras consacré aux supporters du Napoli sur Netflix confirme la grande difficulté de porter à l’écran l’opium du peuple. Un film sur les tribunes... sans une seule image de tribunes tout en empilant les clichés, voilà de quoi déconcerter. A faire passer Hooligans, avec Elijah Wood, pour un film réussi (on est dur, ce n’est pas si mal en réalité). En France, on a longtemps traité le football via le prisme de la comédie, que ce soit 3 Zéros, Didier, Les seigneurs ou Les collègues. C’est oublié le très bon A mort l’arbitre du Niçois JeanPierre Mocky, drame qui donne à Michel Serrault l’un de ses meilleurs rôles face à Eddy Mitchell dans une histoire de vengeance irrationnelle à la suite d’un... penalty sifflé. Film sorti dans un contexte de violence dans les stades puisqu’on se situe un an avant la tragédie du Heysel. On passera rapidement sur la trilogie Goal qui se regarde en repassant ses chemises pour arriver à des films plus aboutis comme Looking for Eric de Ken Loach avec un Eric Cantona dans son propre rôle. Un film sur le rapport particulier que peut avoir un supporter avec l’une de ses idoles. Dans le même registre, le film-documentaire Maradona d’Emir Kusturica, présenté en ouverture du Festival de Cannes 2008, a quelque chose de magnétique. Plus léger mais avec un regard assez intéressant sur le football féminin, Joue là comme Beckham mérite mieux que les a priori qui ont pu entourer sa sortie dans les salles. Le football se conjugue parfois au passé avec Le miracle de Berne qui retrace - en parallèle - le parcours miraculeux de la RFA au Mondial 1954 ainsi que le retour difficile d’un prisonnier de guerre chez lui. A nous la victoire reste aussi une référence historico-sportive puisqu’on y voit une équipe de prisonniers défier celle de soldats allemands dans un camp en 1943. Le casting est surprenant : Sylvester Stallone, Michael Caine, Max Von Sydow mais surtout Bobby Moore, Pelé et Osvaldo Ardiles. Atypique. Mais on retiendra surtout deux films à voir en priorité. Un danois - Sommeren ‘92 - qui raconte l’épopée danoise lors de la victorie à l’Euro 92 mais surtout The Damned United, biographie du mythique entraîneur anglais Brian Clough (Michael Sheen, superbe dans le rôle) lors de son passage sur le banc de Leeds.

Un passage qui va durer... 44 jours.