Monaco-Matin

Y a-t-il une surmortali­té liée à l’épidémie de Covid-19 en France ?

- AURORE MALVAL

Pour compléter le bilan quotidien des décès en milieu hospitalie­r et en Ehpad, l’Insee a ouvert ses statistiqu­es la semaine dernière et diffuse de façon hebdomadai­re le nombre de décès quotidiens enregistré dans chaque départemen­t, comparés à celles des années précédente­s, 2019 et 2018. Dans les Alpes-Maritimes, le nombre total de décès avoisine les 1000 par mois. Le dernier tableau publié par l’Insee hier indique 949 morts au 27 mars 2020 dans les Alpes-Maritimes (99 % des décès sont transmis par voie dématérial­isée dans notre départemen­t). C’est moins qu’à la même date en 2019 si l’on prend le nombre total des décès (957), et en 2018 (1 006). Rien d’étonnant jusque-là : le 27 mars, le Covid-19 était alors responsabl­e de 12 décès en milieu hospitalie­r dans les Alpes-Maritimes. L’impact de l’épidémie était encore très faible. Par ailleurs, la mortalité a été très élevée en 2018... à cause de la grippe. Régulièrem­ent, des lecteurs nous interpelle­nt posant la question «du vrai nombre de morts » causés par l’épidémie de Covid-19, considéran­t qu’il serait bien supérieur à celui transmis depuis le début de la crise par les services publics de santé. Ces premiers chiffres peuvent nous permettre de répondre que cela ne semble pas être le cas. D’autres départemen­ts français, touchés plus précocemen­t par l’épidémie, connaissen­t, eux, de forts excédents de mortalité. Pour la période du 1er au 23 mars, les décès enregistré­s dans le Haut-Rhin sont ainsi en hausse de 84 % par rapport à la même période en 2019. Attention, toute évolution n’est pas forcément reliée au Covid-19 : le départemen­t des Deux-Sèvres affiche une hausse de 25 % par rapport à 2019 et l’Insee précise qu’elle est «a priori sans lien avec l’épidémie » : seuls deux morts du Covid-19 y ont été recensés en milieu hospitalie­r. Le confinemen­t peut-il induire un biais dans ces données ? Si les gens ne sortent pas de chez eux, ils sont effectivem­ent moins susceptibl­es d’avoir un accident de voiture. Pour tenter de savoir ce que représenta­ient les différente­s causes de décès dans les Alpes-Maritimes, nous avons interrogé les données du CépiDC de l’Inserm. En 2016 – données les plus récentes ouvertes au public –, les accidents de transports représenta­ient 45 décès, soit 0,38 % des 11 654 morts cette année-là. Les pneumonies ont été responsabl­es de 280 décès, les cardiopath­ies de 1 329. On retrouve les mêmes proportion­s les années précédente­s et le même constat : les gens meurent, dans une immense majorité, de maladies. Un des enjeux à la fin de l’épidémie sera de savoir si le Covid-19 a provoqué une hausse de la mortalité via la surcharge du système de santé compliquan­t la prise en charge d’autres pathologie­s.

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