« Manque de sérieux et de réponse globale »
Avant d’être confiné à son domicile il y a quinze jours, Michel, en sa qualité de chercheur, était considéré comme « personnel essentiel ». « Le virus n’a pas été pris aux sérieux », glisse-t-il.
Avant de pointer une différence essentielle avec la France : « Là, comme dans d’autres pays, une réponse nationale et globale a été apportée dans la lutte contre la crise sanitaire. »
Et de comparer : « Ici, aux États-Unis, il y a une séparation des pouvoirs assez gigantesque entre le Président, le Sénat, les gouverneurs de l’État, les maires… Tout le monde fait un peu ce qu’il veut. » L’illustration est parlante : « Jusqu’à ce que je sois mis en quarantaine, je recevais entre et e-mails par jour de l’université où le président, le doyen des sciences, le doyen de la recherche, le chef du département, etc. Tout le monde disait tout et son contraire : ‘‘Travaillez de chez vous, il n’y a rien de grave, ne vous arrêtez pas de travailler, vous êtes essentiels’’. Dans le même temps, l’État de New York interdisait d’être à plus de cinq dans la même pièce. En fait, tout le monde faisait un peu ce qu’il voulait. »
Et même maintenant, les États apportent encore des réponses différentes, « comme le gouverneur du Michigan qui, dans une conférence de presse, a dit : “Moi je ne vais pas déclarer la quarantaine pour l’instant parce que la situation sanitaire ne le justifie pas encore”. Sauf que la quarantaine, c’est pour empêcher d’en arriver là… » En plus, on le sait, le virus n’est pas arrêté par les frontières.