Monaco-Matin

« Sans protection, je fais comment au e jour ? »

Infirmière libérale à et Muriel Signoret-Malengé dénonce des dotations insuffisan­tes et lance un appel aux dons de masques FFP2 et surblouses

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Muriel Signoret-Malengé est infirmière libérale à Cagnes-sur-Mer, et exerce aussi à Vence. Elle a lancé, via Facebook, un appel au don de matériel de protection. Entendu, il reste d’actualité, tant le dénuement des libéraux avec qui elle partage ces cadeaux est grand.

Vous en êtes donc à ce stade ?

Oui, les infirmiers libéraux sont contraints de mendier de quoi se protéger et protéger leurs patients du Covid-. Nous travaillon­s sept jours sur sept : les gens ont besoin de soins tous les jours. Notre dotation officielle est de dix-huit masques en tout et pour tout, dont seulement six FFP : autant que les biologiste­s qui ne travaillen­t pas le dimanche.

Cette dotation décidée par des bureaucrat­es ne suffit pas. Le septième jour, je fais comment ? Je ne me protège pas, je me mets en danger mes patients et ma famille ? On se débrouille comme on peut. Et parfois, je suis obligée de pleurer auprès des pharmacies chargées de gérer les stocks, qui font la pluie et le beau temps…

Que demandez-vous ?

D’abord, des masques FFP, et des surblouses comme dans les cantines scolaires, ou des combinaiso­ns telles que les tenues de peintres ou de carrossier­s. Mais les stocks ont été réquisitio­nnés… Et du gel.

Qui a répondu à votre appel ?

La Ville de Vence a été très réactive, son CCAS a mis à dispositio­n des infirmiers et médecins dix kits de cantine avec surblouses, surchaussu­res et charlottes. La Ville de Cagnes nous a donné quatorze masques chirurgica­ux, pas de FFP, cinquante charlottes et une boîte de gants. Il y a aussi un super bricoleur de Grasse qui nous a offert six visières D [Nice-Matin d’hier]. Des particulie­rs, que je remercie du fond du coeur, ont donné une soixantain­e de masques chirurgica­ux, une trentaine de FFP dont deux d’un petit couple, une quinzaine de surblouses… On m’a proposé des protection­s de voiture, des masques de polissage. Une amie couturière m’a fabriqué un calot, bien que non homologué. C’est la débrouille ! Je remercie du fond du coeur ceux qui nous aident, on a besoin d’eux !

Et la population, vos patients ?

Ils ont peur. S’ils ont des masques, ils les gardent. C’est le cas de l’un d’entre eux qui ne sort pas et qui a vingt FFP… J’en vois faire leurs courses avec un FFP mal posé ou mal utilisé qui risque de les contaminer, car personne n’est formé à leur manipulati­on.

Quel est votre quotidien ?

Dans une tournée d’une trentaine de patients on fait des soins, des toilettes qui durent vingt minutes, collés à des malades qui ne sont pas toujours cohérents. Certains parlent, postillonn­ent. Le risque est de contaminer tout le monde, parce qu’on n’a pas reçu de matériel suffisant pour assurer une véritable protection.

Vous avez des patients Covid + ?

À Cagnes il y a des foyers de contaminat­ion… Si besoin, on les met en fin de tournée et pour se protéger, on utilisera des sacspoubel­les en surblouse et aux pieds. On ne peut pas les prendre en charge en toute sécurité.

Et à la maison ?

Mon époux est aussi infirmier libéral. Nos deux enfants sont en sixième et quatrième, pas question de les confier à leurs grands-parents qui ont plus de  ans. Ils devraient être accueillis au collège en priorité mais il n’y a pas de ramassage scolaire. Ils s’organisent pour faire leurs devoirs à la maison.

Et pour les mesures barrières ?

L’entrée de la maison est un vrai sas de décontamin­ation, on se déshabille intégralem­ent dès qu’on arrive, on désinfecte et on se lave…

Savoir + PROPOS RECUEILLIS PAR VALÉRIE ALLASIA

vallasia@matin.fr

Facebook.com Muriel Signoret Malengé et 06.11.96.53.29.

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(DR) Muriel Signoret-Malengé lance un appel aux dons et dénonce la situation des infirmiers libéraux.

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