Chômage partiel : pour qui et dans quelles conditions ?
Plus de 400 000 entreprises en France ont déjà déposé des demandes de chômage partiel pour amortir la crise Covid-19. Soit 4 millions de salariés concernés. La Région Sud Paca est au troisième rang
Ce n’est pas la panacée. Mais le recours facilité au chômage partiel, tout en évitant des licenciements économiques, est un outil pour amortir les conséquences de la crise économique liée à l’épidémie Covid-19. Selon les derniers chiffres de la Dares (Délégation générale à l’emploi et à la formation professionnelle), au 1er avril, plus de 425 000 demandes d‘activité partielle avaient été déposées par un peu plus de 415 000 établissements. Soit le triple de ce que l’on avait enregistré la semaine précédente. Ces demandes concernent à ce jour 3,9 millions de salariés pour un total de 1,6 milliard d’heures chômées demandées. En moyenne : 419 heures chômées par salarié, ou encore près de trois mois à raison de 35 heures par semaine.
% du salaire net
Parmi les salariés concernés, 4 sur 10 travaillent dans des entreprises de moins de 20 personnes. Lesquelles représentent le tiers de l’emploi privé. En tête des demandes figurent le commerce et la réparation auto (21 %), l’hébergement et la restauration (16 %), la construction (14 %), et les activités de services spécialisés, scientifiques et techniques (13 %). Quatre secteurs qui totalisent 58 % des effectifs et 60 % des heures chômées. Et la région Sud (Paca) concentre près de 10 % de ces demandes de chômage partiel. Ce qui la situe au troisième rang, derrière l’Ile-de-France (20 %) et Auvergne-Rhône-Alpes (13 %). Le cadre général du chômage partiel ne change pas. Pour l’employé, c’est l’assurance de ne pas voir son contrat de travail rompu et de percevoir une indemnisation égale à 70 % du salaire brut, soit environ 84 % du net. Ce mois-ci, certains chefs d’entreprise compensent la perte de rémunération. C’est le coup de pouce qu’a décidé d’offrir à son personnel Bernard Chaix, par ailleurs vice-président de la Chambre de commerce et d’industrie Nice-Côte d’Azur. «Lasolidarité, nous devons déjà l’appliquer à nous-mêmes », estime ce patron qui rappelle que, dans tous les cas, les employeurs font l’avance. « Même quand on n’a pas un seul euro de chiffre d’affaires, les salaires sont la priorité, parmi les charges de l’entreprise. On paie d’abord les employés, avant les fournisseurs. » Évidemment, il ne faudrait pas que cela dure trop longtemps… Bernard Chaix est d’ailleurs pessimiste sur la sortie de crise : « De nombreuses entreprises sont confrontées à des difficultés majeures, beaucoup ne rouvriront pas. » Ce qui, souligne-t-il, dépend aussi de l’attitude des banques. « Tout le monde communique sur un mode très positif, mais nous avons des retours selon lesquels des autorisations de découvert ont été refusées. »
Inquiétudes sur la sortie de crise
L’urgence consiste toutefois à remplir les déclarations en ligne. Un délai de 30 jours est prévu, avec effet rétroactif. Le vice-président de la CCI évoque «unparcours du combattant », le processus d’enregistrement serait fastidieux : « La réponse doit intervenir dans les 48 heures, or je l’ai reçue six jours après. Un identifiant et un code permettant de monter le dossier ; à l’heure où je vous parle, encore un bug et le numéro vert ne répond quasiment jamais. » Bernard Chaix admet que le service puisse être saturé, mais il aimerait que des renforts lui soient affectés. « On ne devrait laisser personne dans la nature. Et je ne sais même pas quel sera le délai de réaction. Sans compter que je vois énormément d’entreprises qui délèguent cette tâche à leur expert-comptable. C’est un peu le flou… »