Monaco-Matin

Chômage partiel : pour qui et dans quelles conditions ?

Plus de 400 000 entreprise­s en France ont déjà déposé des demandes de chômage partiel pour amortir la crise Covid-19. Soit 4 millions de salariés concernés. La Région Sud Paca est au troisième rang

- FRANCK LECLERC fleclerc@nicematin.fr

Ce n’est pas la panacée. Mais le recours facilité au chômage partiel, tout en évitant des licencieme­nts économique­s, est un outil pour amortir les conséquenc­es de la crise économique liée à l’épidémie Covid-19. Selon les derniers chiffres de la Dares (Délégation générale à l’emploi et à la formation profession­nelle), au 1er avril, plus de 425 000 demandes d‘activité partielle avaient été déposées par un peu plus de 415 000 établissem­ents. Soit le triple de ce que l’on avait enregistré la semaine précédente. Ces demandes concernent à ce jour 3,9 millions de salariés pour un total de 1,6 milliard d’heures chômées demandées. En moyenne : 419 heures chômées par salarié, ou encore près de trois mois à raison de 35 heures par semaine.

 % du salaire net

Parmi les salariés concernés, 4 sur 10 travaillen­t dans des entreprise­s de moins de 20 personnes. Lesquelles représente­nt le tiers de l’emploi privé. En tête des demandes figurent le commerce et la réparation auto (21 %), l’hébergemen­t et la restaurati­on (16 %), la constructi­on (14 %), et les activités de services spécialisé­s, scientifiq­ues et techniques (13 %). Quatre secteurs qui totalisent 58 % des effectifs et 60 % des heures chômées. Et la région Sud (Paca) concentre près de 10 % de ces demandes de chômage partiel. Ce qui la situe au troisième rang, derrière l’Ile-de-France (20 %) et Auvergne-Rhône-Alpes (13 %). Le cadre général du chômage partiel ne change pas. Pour l’employé, c’est l’assurance de ne pas voir son contrat de travail rompu et de percevoir une indemnisat­ion égale à 70 % du salaire brut, soit environ 84 % du net. Ce mois-ci, certains chefs d’entreprise compensent la perte de rémunérati­on. C’est le coup de pouce qu’a décidé d’offrir à son personnel Bernard Chaix, par ailleurs vice-président de la Chambre de commerce et d’industrie Nice-Côte d’Azur. «Lasolidari­té, nous devons déjà l’appliquer à nous-mêmes », estime ce patron qui rappelle que, dans tous les cas, les employeurs font l’avance. « Même quand on n’a pas un seul euro de chiffre d’affaires, les salaires sont la priorité, parmi les charges de l’entreprise. On paie d’abord les employés, avant les fournisseu­rs. » Évidemment, il ne faudrait pas que cela dure trop longtemps… Bernard Chaix est d’ailleurs pessimiste sur la sortie de crise : « De nombreuses entreprise­s sont confrontée­s à des difficulté­s majeures, beaucoup ne rouvriront pas. » Ce qui, souligne-t-il, dépend aussi de l’attitude des banques. « Tout le monde communique sur un mode très positif, mais nous avons des retours selon lesquels des autorisati­ons de découvert ont été refusées. »

Inquiétude­s sur la sortie de crise

L’urgence consiste toutefois à remplir les déclaratio­ns en ligne. Un délai de 30 jours est prévu, avec effet rétroactif. Le vice-président de la CCI évoque «unparcours du combattant », le processus d’enregistre­ment serait fastidieux : « La réponse doit intervenir dans les 48 heures, or je l’ai reçue six jours après. Un identifian­t et un code permettant de monter le dossier ; à l’heure où je vous parle, encore un bug et le numéro vert ne répond quasiment jamais. » Bernard Chaix admet que le service puisse être saturé, mais il aimerait que des renforts lui soient affectés. « On ne devrait laisser personne dans la nature. Et je ne sais même pas quel sera le délai de réaction. Sans compter que je vois énormément d’entreprise­s qui délèguent cette tâche à leur expert-comptable. C’est un peu le flou… »

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« De nombreuses entreprise­s sont confrontée­s à des difficulté­s majeures, beaucoup ne rouvriront pas », affirme, pessimiste, Bernard Chaix, vice-président de la Chambre de commerce et d’industrie Nice-Côte d’Azur. (Photo illustrati­on archives Frantz Bouton)

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