Il y a 160 ans, Nice est rattaché à la France
Au milieu du mois d’avril 1860, se préparait le plébiscite qui allait changer le cours de l’histoire du comté de Nice et de ses habitants.
Le moment était historique. Il y a cent soixante ans, le comté de Nice était en ébullition. Les 15 et 16 avril 1860 allait avoir lieu un plébiscite pour entériner le Traité de Turin qui avait été signé le 24 mars et prévoyait l’abandon du royaume de Piémont-Sardaigne pour être rattaché à la France. La vie des habitants allait s’en trouver bouleversée.
Le 15 avril 1860, qui était un dimanche, une aube nouvelle se leva. Partout, sur le littoral et dans les vallées, des groupes d’hommes marchèrent vers les bureaux de vote, précédés des maires et des curés, drapeau tricolore en tête. Ils étaient portés par le vent de l’Histoire. Un oui dans les urnes et Nice et son comté deviendraient français ! Tout était parti du désir du roi Victor-Emmanuel de PiémontSardaigne de réaliser l’unité de l’Italie et de se hisser à la tête du nouveau pays. Pour ce faire, il avait besoin de l’aide de la France. Victor-Emmanuel employa plusieurs arguments pour obtenir le soutien de Napoléon III. L’un des plus efficaces fut l’envoi auprès de lui d’une ambassadrice de charme, la comtesse de Castiglione, âgée de 18 ans, qui devint sa maîtresse. Le but fut atteint : l’empereur accepta d’aider VictorEmmanuel mais à une condition, qu’il lui cède Nice et la Savoie. Cela fut concrétisé par le Traité de Turin. Le peuple n’avait plus, à présent, qu’à ratifier ce traité.
Des pour et des contre
Les choses ne furent pas aussi simples qu’on ne pense. Depuis des mois, Nice se déchirait était contre.
Le 22 janvier 1860, une élection municipale avait placé à la tête de la ville François Malausséna, qui était contre. (Il changera d’avis par la suite.)
Les contre se réunissaient à l’opéra, chantaient « Viva Nizza italiana », « Abbasso il tiranno » (le tyran était Napoléon III), « Viva il re galantuomo » (le roi galant homme était Victor-Emmanuel). Les pour, eux, se réunissaient au théâtre Tiranty, près de la place Masséna. Ils y glorifiaient l’empereur et la France.
Le 24 mars, lors de la signature du Traité de Turin, les troupes françaises entrèrent dans Nice sans attendre le résultat du plébiscite. Elles furent accueillies par des vivats sur la place Victor (actuelle place Garibaldi), mais accompagnées de sifflets à l’encontre des personnalités politiques qui avaient retourné leur veste.
Le 25 mars, se tinrent les élections législatives pour envoyer les députés au parlement de Turin – au cas où le plébiscite serait défavorable. Deux députés hostiles au rattachement furent élus : Garibaldi et Robaudi.
On le voit, la situation était incertaine. Alors, le 1er avril, le roi
Victor-Emmanuel, lâchant les Niçois, leur demanda d’accepter le rattachement. Les anti-rattachement comprirent qu’ils avaient perdu. Ils se contentèrent de prôner l’abstention. Le non battait en retraite, le oui sentait la victoire.
Le résultat du plébiscite fut sans appel : dans le comté, on comptabilisa 23743 oui et 160 non, à Nice 6810 oui et 11 non. Nice et son comté étaient devenus français. (À suivre : Dans notre édition du samedi 18 avril, les cérémonies du rattachement). > Le oui remporta % des inscrits — , % des suffrages exprimés — dans l'ensemble du comté de Nice et % des inscrits à Nice. Les adversaires de l'annexion ayant appelé à l’abstention, on constate un faible nombre de non : % des votants. Sospel et Menton se distinguèrent avec, respectivement, et non. Dans dix localités il y eut non.
Détail global
Inscrits : ; abstention : ; votants : ; oui : ; non : ; nuls : Détail par villes : Nice : oui, non ; Contes : oui, non ; Guillaumes : oui, non ; Levens : oui, non ; Menton : oui, non ; Puget-Théniers : oui, non ;
Roquestéron : oui, non ; Saint-Martin : oui, non ; Saint-Etienne : oui, non ; L’Escarène : oui, non ; Sospel : oui, non ; Tende : oui, non ; Utelle : oui, non ; Villefranche : oui, non ; Villars : oui, non.