La tentation d’une île
« Tous les dogmes sont taillés en pièces, les incertitudes nous sautent à la figure. »
Des Ce dingues. bombardement chiffres, La comptabilité encore quotidien des chiffres, vespéro-sépulcrale est toujours en train de plus nous du de professeur chiffres. rendre Salomon s’abat désormais sur les chaumières telle la vérole sur les femmes de piètre vertu. À force d’exhaustivité et de transparence, l’exercice tourne à la torture en règle. Ce pays n’a pas pitié des hypocondriaques… ni de ceux qui vivent avec ! Comme si nous n’avions pas assez mal à la tête comme ça, il faut aussi endurer les avalanches financières du gouvernement et des collectivités locales, qui agitent à tour de bras des millions par flopées dont l’ampleur irréelle, déconnectée des réalités du moment, ne parle à personne. Plus les jours passent, plus le brouillard semble s’épaissir, à mesure que tous ceux qui se poussaient du col pour pontifier, scientifiques compris, finissent par admettre leur myopie avancée. Dans ce tsunami d’affolements et de contradictions, même le déconfinement devient source
d’angoisse, tant les scénarios paraissent indécis
et alambiqués. Au point que certains en viennent carrément à regretter de ne pas avoir été contaminés pour sortir de l’auberge plus tôt. La confusion et la perplexité appellent à tous les doutes : et si la Suède, qui a opté pour un confinement beaucoup plus lâche afin d’immuniser largement sa population, avait finalement opéré un choix plus judicieux ? Rien n’est moins sûr mais l’éventualité n’est pas totalement à exclure. C’est le douloureux paradoxe qui gratouille : tous les dogmes sont mis en pièces, les incertitudes nous sautent à la figure, mais les sachants de tout poil, avérés ou autoproclamés, continuent à bavasser sans fin. Le spectacle doit continuer. Si pénible soit le confinement, si précieuse soit la petite lucarne pour passer le temps, la tentation d’une île déserte, l’envie d’un peu de silence, se font par moments furieuses ! Dans ce dédale où manquent les branches auxquelles se raccrocher, une assurance au moins : comme l’an dernier, neuf lycéens de terminale sur dix auront leur bac. C’est écrit.