Comment l’épidémie circule dans les prisons
L’Observatoire international des prisons, les Syndicats des avocats et de la magistrature demandent la sécurisation des détenus en période de crise sanitaire
En période de confinement planétaire, que se passe-t-il dans l’univers carcéral, par définition lui-même confiné ? C’est la question qu’a posée, hier matin, l’Observatoire international des prisons (OIP) au juge des référés du conseil d’État, Mattias Guyumar. Ils ont ainsi demandé que les ministres de la Santé et de la Justice mettent en oeuvre des mesures concernant les dispositifs de libération des détenus ainsi que leurs conditions matérielles. « La situation est particulièrement inquiétante, a indiqué Me Spinosi, au nom des requérants. Notre volonté est d’assurer la meilleure sécurité des détenus mais aussi des surveillants qui nous ont aussi fait part de leurs inquiétudes. Cela concerne l’ensemble de la population car s’il y a une crise sanitaire dans une prison, l’impact agira sur l’ensemble de sa région. »
détenus confinés
Au 2 avril, les prisons françaises, outre-mer compris, comptaient 66 309 détenus (ils étaient 72 575 le 16 mars) soit 6 266 détenus de courtes peines libérés depuis le passage au stade 3 de l’épidémie. À ce jour, 735 détenus sont confinés, soit en quatorzaine, car ils présentent des symptômes soit parce qu’ils sont entrés récemment en prison. Quarante-huit
détenus ont, à ce jour, déclaré la maladie, douze sont hospitalisés, dont quatre à Fresnes. Par ailleurs, cent quatorze surveillants et trente-cinq intervenants ont été détectés positifs.
« Je suis très sensible à toutes ces questions, a affirmé le magistrat ,car nous sommes tous vulnérables en ce moment, les détenus sont vulnérables au carré car ils n’ont pas d’autonomie. Leur dépendance mérite d’adapter la doctrine. Il faut impérativement passer en prévention, en proactif, que les infirmeries, les unités sanitaires exercent une vigilance renforcée afin de mieux détecter les risques en amont auprès des détenus. Il faut une vigilance Covid-19. Chaque heure compte. »
Ordonnance rendue en début de semaine prochaine
Avant de rendre son ordonnance, il a ainsi demandé à l’administration de travailler « sur une formalisation écrite des consignes permettant de détecter les cas et de proposer des mesures adaptées : recommander des cadences de visite plus régulières de l’infirmerie, améliorer l’isolement des personnes dont les symptômes sont nets afin de ne pas les laisser en contact avec leurs codétenus ». La décision devrait être rendue en début de semaine prochaine. A.L.P.