John Sammut : « Ce confinement peut être une bénédiction »
John Sammut se décrit comme un « conseiller ». Il n’aime d’ailleurs pas poser d’étiquette sur les gens et refuse les rapports hiérarchiques ou de subordination. Pourtant, son parcours personnel en fait une référence dans son domaine. Quinze fois champion de France de Tai Chi chuan (art martial chinois dit “interne”), et même champion d’Europe, cet Isérois, âgé de ans et installé à Nice depuis ans, a donc de nombreux “élèves” qu’il guide à travers des groupes de discussions. Car lui a refusé de dispenser son savoir à travers des vidéos en ligne sur les réseaux sociaux. Il s’en explique.
« Le confinement, c’est insupportable pour tout le monde. Dans notre société, on est enfermé quand on a commis un crime ou lorsque l’on est atteint d’une pathologie psychologique. Mais on peut aussi le voir comme une bénédiction car il nous offre du temps, du silence, du calme. Il y a moins d’accidents de la route, la nature est belle. D’ailleurs, toutes les autres espèces se portent mieux lorsque l’activité humaine ralentit. Ce temps, il vaut mieux le consacrer à ses proches, à soimême, plutôt que d’être présent sur Facebook, Instagram ou Youtube. Cela nous enferme dans cet univers anxiogène ».
Malgré tout, celui qui est invité à travers le monde en tant que conférencier garde le lien avec ses fidèles. « J’ai choisi d’ouvrir des groupes de conversations, sur WhatsApp, avec ou participants, qui sont plus des groupes de méditations et d’entraides que je supervise de manière bienveillante. Ce n’est pas une distraction, mais cela permet de ne pas se sentir seul. Et on a fixé un cadre : on ne parle que de nos expériences, pas du virus ».
Car John Sammut redoute que ce confinement qui s’étire ne provoque des désordres plus profonds dans nos sociétés. « Pendant ces trois premières semaines, on va crier sa colère, pleurer, en attendant
L’agitation à l’extrême que nous connaissons est comparable à une drogue. Et comme toute drogue, il y a un dépendance. ”
de retrouver sa vie d’avant. Mais après un mois on va connaître davantage de difficultés. Car l’agitation à l’extrême que nous connaissons est comparable à une drogue. Et comme toute drogue, il y a une dépendance ». Comment y remédier, ou l’éviter? « Il faut revenir à l’essentiel, en se posant quelques questions. Que peux-tu faire de positif pour toi, tes proches ? En mettant à profit cette période pour progresser de manière individuelle. Que ça soit physiquement ou intellectuellement ».
Le Niçois a surtout une espérance pour l’après-confinement. « Que le monde de demain ne soit pas le même que celui d’hier ».