Politiquement Indiscret
Leonetti remet la crise sanitaire en perspective
Tout en mesurant l’ampleur des drames liés au coronavirus, qui engendre « des morts solitaires au deuil escamoté », le maire d’Antibes et cardiologue Jean Leonetti remet l’épidémie en perspective. « La mort comptabilisée s’invite, inquiétante et banale, dans la brutalité d’une société médiatique et se résume à un graphique sur une échelle logarithmique. On n’en oublierait presque quelques évidences : la mort fait partie du quotidien de tous les groupes humains.
Les Français meurent encore le plus souvent d’autres causes (maladies cardiovasculaires, cancers, accidents…). La grippe hivernale, malgré l’efficacité de la vaccination, entraîne chaque année le décès de milliers de nos concitoyens. Et surtout, le coronavirus évolue quand même favorablement dans à % des cas… »
Nakache ne croit pas au « jour d’après »
David Nakache, président de l’association Tous citoyens !, se fait peu d’illusions. Il n’est pas de ceux qui croient que nous sortirons forcément meilleurs de la crise du coronavirus. « Les crises succédant aux crises, il n’y aura pas de jour d’après. Il faut, dès à présent, repenser le présent. Notre époque n’est pas uniquement traversée par des crises successives, c’est le continuum de crises qui la caractérise ».
Et d’énumérer ces crises, de l’attentat de la promenade des Anglais à la prise de conscience de l’urgence climatique, qui n’ont pas accouché de changements majeurs. « Nous devons affronter l’idée qu’au sortir de l’épidémie et après un bref temps de répit, nous serons assaillis par un nouvel attentat, un nouvel épisode caniculaire ou une nouvelle tempête, une nouvelle crise politique ou sanitaire. » Pour faire face à cette spirale infernale, il émet trois propositions : « Repenser nos institutions de sorte que des décisions rapides et efficaces puissent être prises sans contrevenir à la séparation des pouvoirs et sans aliéner un certain nombre de droits collectifs et de libertés individuelles ; tendre vers une économie démondialisée et écoresponsable, en sortant les services publics et les biens communs de l’exigence de rentabilité et de la loi du marché ; adopter un véritable revenu universel garantissant, en temps de crise comme en temps normal, un revenu décent pour tous. »
Pauget invite à protéger les métiers de bouche
Dans une question écrite relayant les inquiétudes de la corporation, le député LR
Eric Pauget demande au ministre de l’Economie, Bruno Le Maire, d’aider davantage les artisans à vocation alimentaire,
« confrontés aux distorsions de concurrence qui s’amplifient dangereusement avec les grandes surfaces ». Face à ce constat, dit-il,
« l’inévitable baisse d’activité sera lourde de conséquences pour nos artisans bouchers, charcutiers ou boulangers-pâtissiers par exemple ». Aussi le député antibois alerte-t-il le ministre de l’Economie sur « l’urgence d’adapter nos dispositifs exceptionnels de soutien économique aux difficultés que rencontrent nos artisans de bouche, qui doivent maintenir leur activité faute d’accompagnement spécifique et malgré l’absence de clients, liée à une concurrence déloyale des grandes surfaces qui se durcit ».
Estrosi-Sassone s’inquiète de la concurrence déloyale
Dans une veine similaire, la sénatrice LR Dominique Estrosi-Sassone a elle aussi saisi le ministre de l’Economie, au sujet de la concurrence jugée déloyale des sites internet et des commerces déclarés essentiels restés ouverts, qui disposent de rayons d’habillage, librairie ou bricolage, au détriment des commerces spécialisés qui sont, eux, désormais fermés.
« Sur internet, certains sites marchands ont annoncé restreindre les commandes et les livraisons aux seuls produits de première nécessité, mais d’autres continuent de vendre et de faire livrer les produits, note-t-elle. Cette situation est inquiétante pour le commerce de proximité, alors que la période de confinement fait naître de nouveaux usages dans la consommation. J’espère que le gouvernement proposera des mesures correctrices face à cette concurrence déloyale exceptionnelle. »
L’exaspération de Vardon
Après les nouvelles menaces proférées dimanche dernier, dans le quartier niçois des Moulins, contre un médecin empêché d’y intervenir, le vice-président du groupe RN au conseil régional, Philippe Vardon, qui a grandi dans cette cité, a laissé éclater sa colère.
« Explosion des trafics, émeutes, policiers et pompiers caillassés, agressions de médecins : cela fait de longs mois que j’alerte sur la terrible dégradation de la situation aux Moulins. Dans cette période de confinement, nous sommes forcés de constater que c’est l’un des quartiers de France où les choses se passent le plus mal ! Si les secours sont empêchés d’intervenir, ce sont des vies qui sont désormais mises en danger par les racailles qui pensent que ce quartier est leur territoire. Nous ne pouvons accepter plus longtemps de voir des habitants honnêtes subir ainsi la loi des voyous. Il y a douze ans presque jour pour jour, le mars , Christian Estrosi venait déclarer aux Moulins : ‘‘Je vais terroriser les voyous dans la ville et c’est important de le dire ici.’’ Voilà où nous en sommes, et ça ne peut plus durer ! »
Léonelli fait l’éloge des services publics
Président du groupe de la majorité au conseil régional, l’élu niçois Pierre-Paul Léonelli émarge dans la catégorie des « gaullistes sociaux ». L’épidémie lui fournit l’occasion de réaffirmer cet ancrage avec acuité. « L’élu de terrain que je suis salue le rôle des exécutifs locaux et plus généralement du service public dans la gestion de la crise : personnel médical, policiers, Samu, pompiers, militaires, employés municipaux, notamment ceux chargés de la collecte des déchets et de l’entretien de nos rues… A ceux qui polémiquent bruyamment derrière leurs écrans, je préfère l’humilité silencieuse de ces hommes et ces femmes qui font preuve de courage. »
Il poursuit : « Les mêmes qui s’offusquent de ce que les services hospitaliers sont en manque de masques ou de gel hydro-alcoolique se moquaient, il y a onze ans, de Roselyne Bachelot quand, en pleine crise du HN, elle renforçait l’équipement sanitaire à destination de nos compatriotes, répondant ainsi au principe de précaution… que ses successeurs n’ont pas manqué d’oublier. » Et de conclure : « L’épidémie du Covid- est un défi lancé au modèle de société de la démocratie occidentale, où certains secteurs ne peuvent pas faire l’économie du principe de précaution, tant en matière de ressources humaines que techniques, ce qui signifie qu’ils doivent rester exempts de toute logique de marché. Une réflexion s’imposera pour engager une remise en cause de l’ensemble de nos institutions, mais aussi de notre modèle économique mondialisé. »