Qu’est-ce qu’on regarde à la télé aujourd’hui ?
Picorette ? Bonne fringale ? Ou carrément les crocs ? Qu’importe l’appétit que l’on a, le menu Nanni Moretti servi par la très généreuse plateforme vidéo d’Arte se décline en trois services. Trois films en accès libre pour mesurer, entre « grands » plutôt qu’en famille, la grandeur du cinéaste italien. Ceux qui voudraient s’y essayer à petite dose commenceront par découvrir, en antipasti, le plus récent de la triplette, Habemus Papam (2011). Dans ce splendide portrait d’un pape fraîchement élu (Michel Piccoli, en photo) en proie à une crise existentielle, Moretti
(qui joue dans tous ses films, même ceux qui n’ont aucun caractère autobiographique) incarne un psychanalyste au chevet de ce pape perclus de doutes. On rit devant le ballet de cardinaux dans un tournoi de volley-ball qui résume peut-être toute la diablerie ludique de Nanni Moretti. Ça vous a ouvert l’appétit ? OK. Les primo et secondo piatti semblent assez indissociables. Datant de la période « Michele » – du nom de l’alter ego cinématographique de Nanni Moretti qu’il mit en scène dans cinq films pour, à chaque fois, le réinventer –
Bianca (1981) et Sogni d’oro (1986) sont deux merveilleuses comédies que l’on peut aisément lier. Dans Bianca, Michele est un professeur de mathématiques atteint d’une drôle de manie, très adaptée en cette période de confinement : il épie ses voisins depuis son balcon, obsédé par le bonheur des ménages.
Dans Sogni d’oro, il est un cinéaste qui traverse un passage à vide et prépare un étrange biopic sur la mère de Freud. Entre rivalités, panne d’inspiration et rencontres avec le public, Moretti s’engouffre dans sa propre (in)conscience pour en extraire une série de scènes mentales, désespérées et drôles. Voilà qui devrait vous repaître...
jusqu’au 19 avril, Bianca et Sogni d’oro, disponibles jusqu’au 30 septembre proposés par Arte, sur son site et son application.