Les festivals d’été
Même après le déconfinement, les grands rassemblements azuréens pourraient être interdits. Les organisateurs sont inquiets et attendent l’allocution du président ce soir…
Pour le jazz festival, Jazz à les Plages électroniques à ou les Nuits du Sud à est unanime, quasi fatidique : «On est dans le flou. » Beaucoup de festivals d’été des Alpes-Maritimes ne savent pas s’ils pourront jouer ou non une fois le déconfinement sera prononcé par le gouvernement. Tous attendent l’allocution du président de la République, ce soir, pour savoir s’ils peuvent lancer la machine, la reporter ou l’annuler pour limiter la casse.
« J’ai toute l’ambition de maintenir le festival qui pourrait être un moment de culture, de réconfort en cette période de crise sanitaire, mais il faut être réaliste : on est incapable de dire aujourd’hui comment ça va évoluer », soupire Teo Saavedra. Le directeur artistique des Nuits du Sud aurait dû ouvrir sa billetterie lundi dernier. Mais le coronavirus l’a forcé à la prudence.
« Il faut éclaircir les choses »
« Ce n’est pas qu’une décision politique. Il y a plein de facteurs qui rentrent en compte : est-ce qu’on pourra faire venir des artistes internationaux ? Est-ce qu’on pourra réunir des centaines ou milliers de personnes pour nos concerts ? Il faudrait que les choses s’éclaircissent dans le mois. »
Ce besoin de clarté, le président de la région, Renaud Muselier, et son président délégué, Christian Estrosi, l’ont formulé dans un courrier. Une lettre adressée, mercredi, au ministre de la Culture, Franck
Riester. « Toutes ces manifestations sont aujourd’hui en cours de préparation, écrivent-ils. Toutes espèrent pouvoir se tenir et s’organisent en ce sens, réduisant pour certaines leur programmation, la décalant dans le temps pour d’autres, étudiant avec les artistes, techniciens, équipes de direction, de production ou de communication toutes les alternatives au programme prévu et toutes les manières de rencontrer le public sitôt que cela sera possible. »
« L’incertitude ne peut pas durer »
« Mais nous savons, vous comme nous, que l’incertitude ne peut pas durer. Au plus tard, à la fin du mois d’avril, il faudra choisir : renoncer, par précaution, à tout rassemblement jusqu’à la rentrée de septembre ou au-delà ; permettre la tenue d’événements de taille modeste fondés sur une jauge réduite de spectateurs ; considérer que le déconfinement sera effectif dès le milieu du mois de juin et permettra à chaque festival d’avoir lieu, même dans un format différent de celui imaginé au départ. »
« Nous ne pouvons pas accepter que des dépenses soient engagées en vain et des espoirs de travail réduits à néant pour des dizaines de permanents ou d’intermittents du spectacle (…). Il faudra que l’État, les collectivités locales, les mécènes privés et les compagnies d’assurances prennent leur part à la survie des structures qui subiraient une annulation comme au maintien de l’activité des commerçants ou artisans de nos territoires touchés par cet arrêt brutal. »
« C’est pourquoi nous vous demandons instamment soit de décréter l’état d’urgence sanitaire pour cet été, au plus tard le jeudi 30 avril, soit de préciser à cette date quelles mesures barrières vous considérerez comme inévitables à partir de la mi-juin, afin que chaque festival puisse décider de sa tenue ou de son annulation. »