Monaco-Matin

  signatures contre la réouvertur­e des écoles

Une habitante de a lancé une pétition pour s’opposer à la décision d’Emmanuel Macron : « On n’est pas prêts ». Son appel relaie l’inquiétude de nombreux parents d’élèves

- ANTOINE LOUCHEZ alouchez@nicematin.fr

Lundi soir, lorsqu’elle a entendu l’annonce phare d’Emmanuel Macron de rouvrir les écoles à partir du 11 mai, Adina de Souzy, 49 ans, s’est décidée à faire savoir son désaccord. Cette artiste-peintre de profession, installée à Mougins, mère d’une collégienn­e de 13 ans a opté pour une pétition en ligne, qui dépassait les 35 000 signatures, hier soir. Preuve que sa réaction à chaud fait écho à l’inquiétude de nombreux parents d’élèves. Faisant fi de la journée marathon du ministre de l’Éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, qui a défendu l’idée d’une réouvertur­e seulement progressiv­e et par petits groupes, hier.

« Comment faire ? Déjeuner chacun de son côté ? »

« Non à la réouvertur­e des écoles le 11 mai, écrit-elle. Le risque de rebond de la pandémie est très important. Relancer l’activité économique est très important pour nous tous, mais pas au prix du sacrifice de milliers de vies. Nous risquons fortement de retourner à la case départ. (...) Opposons-nous à toute force à cette décision dangereuse et irresponsa­ble. »

Au téléphone Adina de Souzy détaille : « Ce sont des décisions hasardeuse­s, il y a des choses contradict­oires. J’ai écouté l’avis du docteur Hamon, président de la Fédération des médecins de France, qui estime qu’il s’agit d’une prise de risque inutile. On s’attendait à tout sauf à la décision d’ouvrir les écoles en premier. »

Elle souligne que les écoles sont des lieux de forte transmissi­on, pendant les épidémies. Et qu’en plus d’exposer sa fille et les enseignant­s, elle estime que cela met en péril son foyer. « Ma fille va dans un très grand collège de plus de deux mille élèves. Ça va être difficile de mettre en place les règles de distanciat­ion. C’est impossible. Mon époux a une santé fragile, il fait de l’hypertensi­on. On dit aux personnes à risque d’éviter le virus, mais le virus va venir le chercher à la maison. Comment va-t-on faire ? On va déjeuner chacun notre tour ? On va s’éviter ? »

« Sur le plan éducatif, qu’est-ce que ça changera ? »

La Mouginoise pense qu’il y avait d’autres solutions, telles que le développem­ent des cours en ligne. Et réfute l’argument de la reprise de l’économie : « Les collégiens et les lycéens n’ont pas besoin d’être gardés. Il y a d’autres façons de faire. On a tous envie de sortir, mais on ne peut pas faire n’importe quoi. Les restaurant­s ne peuvent pas rouvrir, mais on confine 2 000 enfants ensemble. D’autant plus que ça va durer un mois. Du point de vue éducatif, qu’est-ce que ça changera ? » Adina de Souzy se voit confrontée à un dilemme : garder sa fille à la maison, au risque de la pénaliser.

Elle l’avoue, elle n’a pas vraiment suivi les communicat­ions du ministre, hier. Mais balaie l’idée d’une reprise progressiv­e. « Si on a les tests et les masques, pourquoi pas. Mais je n’y crois pas, il n’y en a déjà pas pour les soignants. On ne sera pas prêts. Pourquoi avoir annoncé avant de discuter ? Il aurait fallu écouter ceux qui savent et les médecins disent que c’est trop tôt. »

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(Photo S. B.) De nombreux parents craignent que rouvrir les écoles le  mai provoque un rebond de l’épidémie.
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Adina de Souzy, à l’initiative de la pétition.(DR)

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