Monaco-Matin

À quelles aides peuvent prétendre les entreprise­s ?

La crise sanitaire a entraîné une crise économique sans pareil pour les sociétés et les indépendan­ts. L’État promet un soutien financier mais des questions subsistent. Réponses avec trois experts

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Quoiqu’il en coûte ». Les termes employés par le président de la République au début de la crise sanitaire ne laissent guère place au doute. L’État apportera toute l’aide possible aux entreprise­s, travailleu­rs indépendan­ts et autoentrep­reneurs. Oui, mais comment ? Les interrogat­ions sont grandes du côté des profession­nels.

Pour éclaircir la situation, trois experts ont répondu à nos questions. Philippe Loos, secrétaire général de la préfecture des Alpes-Maritimes, Claude Brechard, directeur départemen­tal des finances publiques et Philippe Dolciani, responsabl­e régional de l’Urssaf.

Comment s’organise le report des charges sociales ? Philippe Dolciani :

Dans un premier temps, les employeurs doivent faire leur Déclaratio­n Sociale Nominative (DSN). La prochaine échéance c’est aujourd’hui. Il y a trois cas possibles. Si une entreprise a de la trésorerie, on lui demandera par solidarité de payer ses cotisation­s. Si elle a un peu de trésorerie et peut payer une partie de ses cotisation­s, elle modulera son virement ou le montant du prélèvemen­t,

‘‘ en fonction de ce qu’elle peut régler. Enfin, une entreprise qui a cessé de travailler et qui est dans l’incapacité de payer, peut demander le report. Il n’y aura aucune majoration de retard.

Et pour les travailleu­rs indépendan­ts et les autoentrep­reneurs ?

Le travailleu­r indépendan­t n’a aucune démarche à effectuer, c’est automatiqu­e. Les prélèvemen­ts seront passés à zéro pour l’échéance du  avril. Le montant sera lissé sur les mois suivants. Les auto-entreprene­urs, eux, doivent déclarer leur chiffre d’affaires réel du mois de mars s’ils sont mensualisé­s, ou du premier trimestre. Ils ont ensuite les trois mêmes possibilit­és pour le paiement de leurs cotisation­s. Paiement total, partiel ou report.

On peut déjà avoir une idée de l’échéance pour ces cotisation­s ?

Les échéances pourront être reportées jusqu’à mi-mai au moins, la levée du confinemen­t étant fixée à cette date. Le report, lui, est fixé après la crise, c’est-àdire minimum trois mois. Quant à savoir de quelle façon il sera payé, aujourd’hui on ne peut pas le dire précisémen­t. Nous ne sommes pas encore dans la sortie de la crise mais il y aura sûrement une gestion au cas par cas.

Quid des dettes fiscales ? Claude Brechard :

Il est possible de reporter les impôts directs, c’est-à-dire ceux qui sont vraiment dus par les entreprise­s au titre de leur activité. Ils sont à distinguer des impôts prélevés, comme la TVA par exemple, ou l’impôt prélevé sur le revenu du salarié. Ceux-ci sont maintenus. Mais, les impôts sur les sociétés, taxe sur les salaires, cotisation­s sur la valeur ajoutée, etc., peuvent être reportés au moins jusqu’au mois de juin, si la demande est faite. Pour les entreprise­s qui avaient déjà des difficulté­s de paiement, les échéances sont également reportées.

Il n’y aura aucune annulation ?

Les ministres l’ont évoqué pour certains secteurs, donc il pourrait y avoir des annulation­s d’impôts ou de charges, mais il est encore trop tôt pour s’avancer. Nous recevrons des directives plus précises dans les prochains mois.

Qu’est-ce que le fonds de solidarité ?

Cette aide comprend deux volets. Le premier concerne l’État et propose une aide financière de   €. Le second concerne la région avec une aide financière de   €, qui pourrait grimper jusqu’à   €. Mais à ce stade de la crise, nous sommes encore au premier volet, celui de l’État. Pour en bénéficier, il faut fournir une déclaratio­n sur l’honneur et avoir perdu au moins  % de son activité. La région communique­ra ses modalités plus tard mais il faudra de toute façon avoir eu droit à ce premier versement de 

Et le prêt de garantie de l’État ?

En fait, l’État garanti des prêts de trésorerie. Les banques qui s’engagent aujourd’hui à faire ce type de prêt, pour

‘‘ aider les entreprise­s à passer ce mauvais cap, seront garanties à  %. C’est du jamais vu. Même en cas de faillite de l’entreprise, la banque ne perdrait que  %. Les non-paiements seront assurés par l’État. Tout ça est coordonné par la Banque de France qui aura un rôle de médiateur si une demande de crédit est refusée par une banque. On va s’assurer qu’elles jouent le jeu.

Charges : paiement total, partiel ou report”

Un fonds de solidarité de l’Etat de  euros”

Et les aides de l’Urssaf ? Philippe Dolciani : Pour les

travailleu­rs indépendan­ts, il y a trois types d’aides. Le Fonds d’Action Sociale (FAS) verse une aide qui varie entre  et

  euros. Il se substitue au fonds de solidarité. Pour en bénéficier, il faut avoir versé au moins un mois de cotisation depuis son installati­on et être évidemment impacté par la crise

 ?? (DR) ?? Les aides accordées peuvent être différente­s en fonction des situations des profession­nels.
(DR) Les aides accordées peuvent être différente­s en fonction des situations des profession­nels.

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