Monaco-Matin

Guerre contre le virus : les femmes au front

En première ligne, parmi les soignants, on retrouve plus de 70 % de femmes. Infirmière­s, aides-soignantes, agents hospitalie­rs, elles contribuen­t à l’effort de guerre, au péril de leur vie

- MATHILDE TRANOY mtranoy@nicematin.fr

Sur le front de cette guerre inédite contre le Covid-19, elles sont en première ligne. Infirmière­s, aides-soignantes, agents hospitalie­rs, personnel des Ehpad. Il y a aussi les aides à domicile, qui veillent sur nos aînés. Des profession­s féminines à plus de 70 %, peu valorisées, avec des horaires décalés, peu de perspectiv­es d’évolution de carrière et, bien souvent, mal rémunérées. Des femmes aux situations parfois précaires qui, chaque jour, ne comptant pas leurs heures, font face, au péril de leur vie. Parmi ces femmes au combat, il y a bien sûr des médecins. Dans les Alpes-Maritimes, elles représente­nt 43,34 % des 4633 praticiens en activité régulière (libéraux, hospitalie­rs, salariés), selon les chiffres du conseil de l’ordre. Et 48,7 % des 314 médecins remplaçant­s (libéraux, salariés).

Prise de conscience ?

Chez les infirmiers salariés et libéraux azuréens, la proportion de femmes grimpe à 85,28 %, et à 90 % chez les aides-soignantes (1).

« Ce qui se passe aujourd’hui est le reflet de l’état de la société, note Natacha Himelfarb, déléguée aux droits des femmes et à l’égalité dans les Alpes-Maritimes. Espérons qu’après cette contributi­on à l’effort de guerre, il y aura une prise de conscience et que les femmes seront mieux reconnues. Il faudra une décision politique forte. La mesure la plus importante est à mon sens la question salariale, car le salaire c’est l’autonomie qui permet de choisir son logement, son conjoint… A la sortie de cette crise, il va falloir être vigilant à la paupérisat­ion des femmes et mères isolées. Il va y avoir du chômage et les personnes qui occupent des emplois précaires, où on retrouve encore une fois les femmes, seront les plus touchées. » Pour Anne-Gaël Bauchet, dirigeante d’Alter Egaux, agence azuréenne de conseil et formation qui accompagne les organisati­ons dans la mise en place de l’égalité profession­nelle entre les femmes et les hommes, « il y a néanmoins un effet positif à cette crise. On s’interroge sur la valeur de ces métiers : pourquoi, alors qu’ils sont essentiels, ne (Photo S. B.) sont-ils pas plus valorisés ? Pourquoi est-ce là qu’on retrouve le plus de femmes ? Ce n’est pas seulement le politique qui doit changer les choses mais nous tous, à notre niveau. Les fédération­s d’employeurs, les partenaire­s sociaux… Aujourd’hui, la crise est sanitaire avant tout mais il va falloir ensuite reconstrui­re un monde dans lequel on aura envie de vivre. Ce sera l’occasion de changer les inégalités entre les femmes et les hommes. C’est un sujet qui est sur la table dont il faudra que tout le monde s’empare ».

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Sur le front de la guerre contre le Covid-, plus de deux tiers de femmes.

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