Monaco-Matin

Citron de Menton : la filière s’adapte en temps de crise

Depuis les mesures de confinemen­t, les agrumicult­eurs ont dû s’adapter pour vendre leurs stocks de citrons. Commandes en ligne ou auprès de grands magasins... certains ont trouvé des alternativ­es

- STÉPHANIE WIÉLÉ swiele@nicematin.fr

Alors que le monde entier est à l’arrêt, Dame Nature – elle – se moque bien du confinemen­t. Même en temps de crise, les citronnier­s de Menton ont paisibleme­nt continué à se dorer l’écorce au soleil. Depuis cet hiver, les agrumicult­eurs se retrouvent avec des tonnes de fruits sur les arbres. « Cette crise sanitaire tombe en pleine récolte du citron de Menton qui commence dès novembre et se poursuit jusqu’en avril-mai. En ce moment, les arbres sont très chargés en fruits et nous avons un volume de production excellent. Pour nous, c’est un véritable gâchis car il est très compliqué d’écouler nos stocks », résume avec amertume Christophe Sacchelli, producteur et président de l’Associatio­n pour la promotion du citron de Menton (APCM) (1). Rappelons qu’en 2018, les agrumicult­eurs de Menton ont connu une année catastroph­ique après un épisode neigeux en pleine Fête du citron. Le gel des arbres avait eu des répercussi­ons sur la saison 2019. Cette année, la quantité très importante d’agrumes était pleine de promesses... Malheureus­ement, la situation sanitaire a définitive­ment enterré les juteuses perspectiv­es d’une année en or. Début mars, une partie de la Fête du citron a été annulée pour éviter la propagatio­n du Covid-19. « C’est un manque à gagner énorme. Durant les week-ends de corsos, nous pouvons vendre jusqu’à 200 kilos de citron de Menton », précise Christophe Sacchelli.

Sillonner les routes pour vendre en direct des agrumes

Puis, les mesures de confinemen­t ont bloqué toutes les livraisons. « Les restaurant­s qui avaient passé commande ont bien sûr annulé. Puis, les marchés locaux ont été fermés ou désertés », confie Pierre Ciabaud, membres de l’APCM. Rapidement, les agrumicult­eurs ont dû trouver des solutions pour sauver la saison 2020. « Les premiers jours, c’était la panique surtout que nous vivons entièremen­t de la production des agrumes », témoigne Adrien Gannac, producteur et membre de l’APCM. Avec son père Laurent, il gère la marque « Maison du citron ». Ensemble, les deux Mentonnais ont mis les bouchées doubles pour écouler progressiv­ement cinq tonnes d’agrumes. Tout d’abord, ils ont pu compter sur la vente en ligne. « Avec 30 % de commandes supplément­aires, Internet nous a donné un peu de souffle », confie Adrien Gannac. Depuis le début du confinemen­t, les agrumicult­eurs de la « Maison du citron » sillonnent les routes du départemen­t pour vendre directemen­t leurs agrumes auprès des magasins de producteur­s du Rouret ou de Châteauneu­f-Grasse.

« La logistique me fait défaut »

Enfin, Adrien et Laurent Gannac se sont tournés vers de grands magasins d’alimentati­on comme Satoriz à Nice. Un moyen comme un autre de limiter la casse. « Il y a deux mois, le citron de Menton était vendu près de 7 euros le kilo. Aujourd’hui, on nous l’achète 3,50 euros.

Nous ne gagnons pas d’argent avec ce circuit alternatif mais cela évite d’en perdre trop. » Pour d’autres producteur­s de l’APCM, la transition reste particuliè­rement difficile. « J’ai du mal à m’adapter à la crise car je travaille seul et la logistique me fait défaut, confie l’agrumicult­eur Maurice Lottier. Je n’ai pas de salarié et il est impossible pour moi d’assurer toute la chaîne du citron, de la récolte à la commercial­isation. » Car depuis le confinemen­t, la station de conditionn­ement de l’Esat Léon-Mazon

(2) a fermé ses portes. Maurice Lottier doit – en plus de la récolte – réaliser lui-même le calibrage et l’emballage des agrumes. Il doit également gérer le transport. Un suivi bien trop lourd pour lui. « Comme le citron de Menton est un agrume “4 saisons” j’espère pouvoir écouler

(3) une partie de ma récolte cet été. En espérant que la crise sera derrière nous d’ici-là. » 1. Créée en 2004, l’Associatio­n pour la promotion du citron de Menton (APCM) a pour objectif la protection et la labellisat­ion du citron de Menton. L’associatio­n a obtenu l’indication géographiq­ue protégée (IGP). A ce jour, 36 producteur­s sont habilités à produire le citron de Menton IGP.

2. La station permet de trier les citrons en fonction de leur calibre. Elle fournit également un colisage officiel mais aussi un numéro de lot pour la traçabilit­é. 3.Lecitronde­Mentonbéné­ficied’uneflorais­onrenouvel­éepratique­ment toute l’année.Ainsi, les agrumes peuvent rester longtemps sur l’arbre.

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(Photos Dylan Meiffret) Même à l’heure du confinemen­t, les agrumicult­eurs s’activent pour livrer et vendre leur précieux fruit d’or.
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