L’obsession du maire : soutenir les commerçants
David Lisnard, également président de l’agglo Cannes Lérins, veut obtenir des plus hautes instances l’implication des assurances et de l’État par la reconnaissance de l’état de catastrophe sanitaire
Depuis le début de la crise, c’est l’une de ses obsessions. David Lisnard veut assurer un soutien sans faille aux entrepreneurs, commerçants, artisans et professions libérales du bassin de vie cannois et ce, « afin d’éviter qu’à la tragique crise sanitaire s’ajoute une catastrophe économique et sociale plus durable. » D’autant que la période extrêmement critique que traversent actuellement ces secteurs d’activité, fait suite à deux événements climatiques majeurs survenus à la fin de l’année 2019.
« Comme les catastrophes naturelles »
Cette succession de coups durs pose évidemment problème. Et, comme l’ont également fait d’autres maires de France, David Lisnard avait très précocement sollicité des mesures immédiates de la part du gouvernement, de la Région, du Département ou encore de la Chambre des métiers et de l’artisanat et de la CCI, mesures destinées à soutenir les entreprises locales et à défendre les emplois en jeu. Dans le courrier qu’il vient d’adresser au président de la République et à Florence Lutsman, présidente de la Fédération nationale des assurances, le maire de Cannes rappelle aussi que toutes les communes de l’agglo Cannes Lérins «ont pris des dispositions très concrètes pour permettre aux entreprises de pérenniser leur activité, via des dispositifs d’accompagnement municipaux inédits : annuaire en ligne des commerçants proposant des services de livraison à domicile, plateforme “Allô courses” permettant de commander et de se faire livrer ses courses alimentaires par les commerçants cannois, mise en place d’un guichet unique pour aider les entreprises, etc. »
Et au-delà, s’agissant des redevances dont la Mairie de Cannes et l’agglomération ont la compétence, «j’aidemandé l’exonération au prorata temporis des facturations pour les entreprises concernées jusqu’à nouvel ordre », indique encore l’élu. Tout cela pour en venir au fait : « Nous sommes en état de très lourd sinistre économique et social, lui-même conséquence de “l’état de catastrophe sanitaire”. Et cette réalité doit impérativement être reconnue en droit, au même titre que les catastrophes naturelles, avec la mise en oeuvre d’un fonds de garantie des victimes, à l’instar des dispositions qui existent pour les actes de terrorisme. J’ai ainsi demandé à l’Association des maires de France (dont il est vice-président, Ndlr) la mise en place d’une démarche d’urgence avec les représentants des assurances et l’État pour créer ces dispositifs fondamentalement et immédiatement nécessaires. »
« Il faut aller plus loin ! »
Des sociétés d’assurances que David Lisnard souhaite interpeller directement : « J’échange chaque heure avec des entrepreneurs, commerçants, artisans et professions libérales dont l’outil de travail, les revenus et les emplois sont plus que jamais menacés. Tous dénoncent l’insuffisance de l’accompagnement mis en oeuvre par les assurances françaises. Les entreprises en grande difficulté, estime-t-il, doivent pouvoir débloquer, à titre exceptionnel, l’aide de leur assureur sur la perte d’exploitation, dans des conditions dérogatoires et contractuellement définies, dans l’attente de la reconnaissance de l’état de catastrophe sanitaire que j’appelle de mes voeux. »
Le maire reconnaît que la Fédération nationale des assurances « a pris la mesure de l’état d’urgence économique et a annoncé la mise en place de dispositions telles que la conservation en garantie des contrats des entreprises en difficulté, en cas de retard de paiement à la suite de la pandémie, le report de loyers ou encore l’abondement du fonds public de solidarité. C’est une avancée, reconnaît-il, pour les PME et
TPE. Mais il faut aller plus loin : les compagnies d’assurances doivent jouer un rôle plus déterminant en augmentant, de façon significative, leur contribution au fonds de solidarité afin de couvrir les pertes d’exploitation des entreprises. Et pour financer cet effort, comme le préconise Bruno Retailleau (président du groupe LR au Sénat, Ndlr) elles pourraient mobiliser les réserves dont elles disposent : par exemple, les sommes non versées pour l’indemnisation des risques routiers qui sont en nette diminution depuis le début du confinement. »
N’en doutons pas : ce dossier-là, David Lisnard le suivra de très, très près. « Pour que chacun puisse se relever dignement. »