Monaco-Matin

Soignants à Mulhouse : « C’est un film d’horreur »

Ils sont dix-huit à être partis des Depuis lundi, cette équipe prête main-forte dans le Grand-Est. Ils découvrent de plein fouet « la concrétisa­tion du Covid-19 ». Témoignage­s

- ALICE DAVID adavid@nicematin.fr

On est juste une petite bouffée d’oxygène pour les soignants du Grand-Est », confie Dominique Petit, médecin anesthésis­te-réanimateu­r à la clinique Saint-Jean à Cagnes-surMer. Il est arrivé dimanche au groupe hospitalie­r régional (GHR) de Mulhouse, avec une équipe de dix-sept soignants venus des Alpes-Maritimes.

Et dans cette région durement touchée par le virus, la réalité à laquelle sont confrontés ces Azuréens fait froid dans le dos.

Le tableau que ces soignants dressent est digne d’un « film d’horreur ». «Onvoit passer des gens dans des lits de réanimatio­n et quelques heures après dans des sacs mortuaires. On en est encore là» , témoigne Dominique

Petit. Sur place, la fatigue des équipes est palpable : «Ils ne disent rien mais ils serrent les dents. » L’environnem­ent est à risques : « C’est un hôpital entier rempli de malades du Covid-19 ». Dominique Petit avait prévu de rester un mois. Au bout de deux jours sur le terrain, il se dit déjà prêt à aider plus longtemps ces collègues. «Ma priorité, c’est de ramener les membres de mon équipe indemnes. Si ce n’est pas le cas, je m’en voudrais toute ma vie », souffle-t-il. Dans ses rangs, Carole Cordier a entamé le travail dès mardi au GHR. Cette infirmière a profité de ses quinze jours de vacances pour prêter mainforte dans le Haut-Rhin. « Notre venue, c’est une toute petite goutte d’eau. Ce n’est pas très long. Il y a du personnel de la réserve sanitaire qui fait des missions bien plus longues. Ils font beaucoup plus que moi. Je ne fais que mon travail », dit-elle modestemen­t.

« On a envie de les applaudir eux »

La Cagnoise à « l’habitude » de prendre en charge des patients avec des pathologie­s graves à la clinique SaintJean. Elle ne reste pas pour autant de marbre face à ce qui se déroule sous ses yeux. « C’est émotionnel­lement compliqué. Autant pour les équipes soignantes que pour les patients. Ils commencent à se réveiller après trois semaines de coma, ils ne peuvent pas parler. » Caroline Cordier est venue avec, comme moteur, l’envie d’aider : « J’ai 41 ans et je vais en sortir grandie. Je me dirai que j’ai amené ma toute petite pierre à l’édifice. Je rentrerai chez moi fatiguée, mais ce n’est pas grave. » Julie Damon, infirmière et Katya Pebeyre, infirmière anesthésis­te, ont elles aussi quitté la Côte d’Azur sans se retourner. « Si la situation était inversée, les soignants d’ici auraient fait la même chose pour nous », assure Katya Pebeyre. Et à Julie Damon d’ajouter : « Nous, on se sent encore loin de la chose, on a envie de les applaudir eux. »

Leur garde respective a débuté hier. Et « L’envie d’aider prend le dessus sur tout. Là, on vit vraiment la concrétisa­tion du Covid-19. »

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Ces soignants azuréens viennent en aide dans l’unité de post-réanimatio­n de réveil des patients malades du Covid- dans le GHR de Mulhouse. (DR)

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