Monaco-Matin

La Protection civile se sent « abandonnée par l’État »

Alors que les 250 bénévoles azuréens de cette associatio­n multiplien­t les missions de service public depuis le début de la crise, ses finances sont presque exsangues et les aides promises n’arrivent pas

- ERIC GALLIANO egalliano@nicematin.fr

Jérémy Crunchant est inquiet. Ce n’est plus seulement la situation sanitaire qui préoccupe le directeur départemen­tal de la Protection civile. Depuis le premier jour de la crise les 250 bénévoles azuréens de cette associatio­n caritative sont mobilisés sur le terrain : ils viennent quotidienn­ement en aide aux plus démunis, distribuen­t de la nourriture, apportent leur soutien logistique aux communes du départemen­t, multiplien­t les maraudes, permettent l’ouverture en urgence de centres d’accueil… Évidemment aucun de ces 250 volontaire­s n’est payé en retour de son engagement. Mais les missions qu’ils réalisent ont néanmoins un coût. « Il faut bien entretenir les véhicules, payer les assurances, ne serait-ce que faire le plein d’essence… », souffle Jérémy Crunchant. Le problème c’est que ses finances sont aujourd’hui exsangues. Le directeur de la protection civile dans le départemen­t tente de réunir des fonds en urgence et fait appel aux dons (ci-dessous). Mais il prévient : « Si l’État ne tient pas sa promesse et ne nous aide pas financière­ment, nous ne pourrons pas continuer à assumer les missions qu’il nous confie ! »

« Nous ne tiendrons pas deux mois »

« Nos sources de financemen­t habituelle­s sont les formations aux premiers secours que nous dispensons et les postes de secours que nous tenons à l’occasion de matchs ou d’événements », explique Jérémy Crunchant. Évidemment, ces activités se sont arrêtées avec le confinemen­t. « C’est normal », souligne Jérémy Crunchant. Pour autant, la Protection civile est plus que jamais sollicitée. « Pour les gens nous sommes un service public alors que nous ne sommes qu’une associatio­n », rappelle-t-il. Le fait est que les 250 bénévoles répondent quotidienn­ement aux sollicitat­ions des pouvoirs publics, que ce soit celles des communes ou celles des services de l’État. « Aider c’est notre vocation. » Sauf que la Protection civile n’en aura pas indéfinime­nt les moyens. La situation devient critique : « L’arrêt de nos activités habituelle­s a engendré un manque à gagner de 30 000 euros alors que, dans le même temps, la multiplica­tion de nos missions a déjà généré plus de 10 000 euros de frais. En l’état, nos finances ne nous permettron­t pas de tenir plus de deux mois. Quand nous n’aurons plus du tout d’argent il faudra que l’on stoppe tout… »

Une perspectiv­e à laquelle Jérémy Crunchant refuse de se résoudre. Voilà pourquoi il en appelle aujourd’hui à la générosité publique. Le directeur départemen­tal de la Protection civile en appelle aussi à l’État, « pour qu’il tienne ses promesses ».

« Au début de la crise nous avons reçu l’engagement oral que nous bénéficier­ions d’un soutien financier pour faire face, assure-t-il. Mais nous n’avons rien reçu. On se sent tous simplement abandonnés. Même nos mails à l’ARS pour l’alerter sur la situation restent sans réponse. »

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(DR) Jérémy Crunchant, cadre opérationn­el à la Protection civile.

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