La Protection civile se sent « abandonnée par l’État »
Alors que les 250 bénévoles azuréens de cette association multiplient les missions de service public depuis le début de la crise, ses finances sont presque exsangues et les aides promises n’arrivent pas
Jérémy Crunchant est inquiet. Ce n’est plus seulement la situation sanitaire qui préoccupe le directeur départemental de la Protection civile. Depuis le premier jour de la crise les 250 bénévoles azuréens de cette association caritative sont mobilisés sur le terrain : ils viennent quotidiennement en aide aux plus démunis, distribuent de la nourriture, apportent leur soutien logistique aux communes du département, multiplient les maraudes, permettent l’ouverture en urgence de centres d’accueil… Évidemment aucun de ces 250 volontaires n’est payé en retour de son engagement. Mais les missions qu’ils réalisent ont néanmoins un coût. « Il faut bien entretenir les véhicules, payer les assurances, ne serait-ce que faire le plein d’essence… », souffle Jérémy Crunchant. Le problème c’est que ses finances sont aujourd’hui exsangues. Le directeur de la protection civile dans le département tente de réunir des fonds en urgence et fait appel aux dons (ci-dessous). Mais il prévient : « Si l’État ne tient pas sa promesse et ne nous aide pas financièrement, nous ne pourrons pas continuer à assumer les missions qu’il nous confie ! »
« Nous ne tiendrons pas deux mois »
« Nos sources de financement habituelles sont les formations aux premiers secours que nous dispensons et les postes de secours que nous tenons à l’occasion de matchs ou d’événements », explique Jérémy Crunchant. Évidemment, ces activités se sont arrêtées avec le confinement. « C’est normal », souligne Jérémy Crunchant. Pour autant, la Protection civile est plus que jamais sollicitée. « Pour les gens nous sommes un service public alors que nous ne sommes qu’une association », rappelle-t-il. Le fait est que les 250 bénévoles répondent quotidiennement aux sollicitations des pouvoirs publics, que ce soit celles des communes ou celles des services de l’État. « Aider c’est notre vocation. » Sauf que la Protection civile n’en aura pas indéfiniment les moyens. La situation devient critique : « L’arrêt de nos activités habituelles a engendré un manque à gagner de 30 000 euros alors que, dans le même temps, la multiplication de nos missions a déjà généré plus de 10 000 euros de frais. En l’état, nos finances ne nous permettront pas de tenir plus de deux mois. Quand nous n’aurons plus du tout d’argent il faudra que l’on stoppe tout… »
Une perspective à laquelle Jérémy Crunchant refuse de se résoudre. Voilà pourquoi il en appelle aujourd’hui à la générosité publique. Le directeur départemental de la Protection civile en appelle aussi à l’État, « pour qu’il tienne ses promesses ».
« Au début de la crise nous avons reçu l’engagement oral que nous bénéficierions d’un soutien financier pour faire face, assure-t-il. Mais nous n’avons rien reçu. On se sent tous simplement abandonnés. Même nos mails à l’ARS pour l’alerter sur la situation restent sans réponse. »