Pierre Lees-Melou : « Savoir si on peut reprendre en sécurité »
Chaque jour, un sportif de la région nous raconte son quotidien dans cette période de confinement. Aujourd’hui, Pierre Lees-Melou, le footballeur de l’OGC Nice.
« J'ai vu le communiqué de l'UNFP (Union nationale des footballeurs professionnels) réclamant la fin des compétitions. C'est très particulier comme situation, on ne sait pas vraiment si on peut reprendre en toute sécurité par rapport à notre santé. S'il le fallait, je ne serais pas forcément le plus inquiet, mais persistent des interrogations par rapport au virus, à l'égard de notre santé physique aussi. Quand je vois qu'on pourrait jouer tous les trois jours, ça peut être compliqué pour nos organismes. Mine de rien, plus on avance dans le confinement, plus on perd en masse musculaire, on risque davantage la blessure. Même les coachs ne savent pas sur quel pied danser, ils ne peuvent rien anticiper.
Certaines équipes sont en conflit avec leur direction quant à une réduction des salaires, mais je pense que si des décisions étaient prises, joueurs et clubs ne devraient former qu'un, logiquement. Le sujet est épineux. Il y a beaucoup d'enjeux économiques dans le football, je peux comprendre que ça prenne du coup, autant de temps pour qu'une décision soit prise. Mais la priorité pour moi, je le répète, c'est la santé de tous. Reprendre la compétition ne se limiterait pas à une simple confrontation de dixhuit joueurs contre dix-huit autres. Ça engendre des déplacements dans les aéroports, les hôtels, et donc croiser un nombre important de personnes sans être certain que tout le monde soit “safe” et que toutes les bonnes précautions soient prises. Il y a quand même eu beaucoup de contaminés, ne pas être sûr qu'ils soient désormais immunisés ne fait que rajouter un problème de plus. En Allemagne, ils proposent de reprendre avec un masque pour chaque joueur ? Je suis allé faire les courses une ou deux fois avec un masque, ce n'est ni pratique, ni confortable, rien qu'en marchant dans les rayons. Alors pour les gros efforts, je n'imagine pas trop ce que ça peut donner ! On n'était pas prêt pour affronter une telle crise sanitaire. Récemment je disais que la France n'était pas un pays qui respectait franchement les règles, on le constate en ce moment. Les gens continuent de faire n'importe quoi, d'aller faire des footings, de se réunir... Les chiffres de décès baissent, le beau temps revient, les gens pensent que c'est fini. Mais si on fait tout à moitié, cette situation ne risque pas de s'arrêter. On reste dans le flou après l'intervention du ministre dimanche. Les gens ont besoin de précision, quitte à être radical avec eux. J'en discute avec ma famille. Ils sont à la campagne, c'est plus simple de rester sagement à la maison, que ce soit mes parents ou ma grand-mère. Je l'ai eue hier au téléphone, elle s'occupe du jardin, des animaux, des poules... Elle ne tourne pas en rond. J'ai conscience que c'est une chance. »