Les maires, chevilles ouvrières du déconfinement
Des villages les plus reculés aux grandes agglomérations, ils sont au front jour et nuit depuis le début de la crise. Parfois critiqués, rarement applaudis, les maires ne ménagent pas leur peine pour atténuer les effets de la pandémie ou en limiter la propagation. Qu’ils se débattent discrètement afin de dégoter quelques dizaines de masques pour leur commune du Haut-Var, créent une manufacture locale pour en fabriquer à Cannes ou affrètent un avion-cargo qui en convoie plusieurs centaines de milliers à Nice, l’intention est la même : protéger une population en danger. En première ligne depuis
« Les Français attendent des réponses précises qui proviennent parfois davantage des élus locaux que de l’État. »
près de deux mois, les maires seront aussi les chevilles ouvrières du déconfinement. Emmanuel Macron a la ferme intention de s’appuyer sur eux. Ce matin, il en réunit vingt-deux en visioconférence pour « évoquer les questions liées au déconfinement ». Parmi ces édiles, Christian Estrosi (Nice), Jean-Claude Gaudin (Marseille), David Lisnard (Cannes) et Marc Vuillemot (La Seynesur-Mer) soumettront leurs idées pour l’après mai. En conviant sur le grand écran de l’Élysée des maires qui, pour certains, osent et innovent au plus fort de la crise, le chef de l’État fait le pari du bon sens et des solutions concrètes. « C’est dans les territoires que le déconfinement va se déployer », insiste-t-on dans l’entourage du chef de l’État où on martèle les trois piliers du dispositif : « Déconcentration, concertation et différenciation. » En clair : davantage d’autonomie pour les territoires, un vrai dialogue avec les élus de terrain et un déconfinement adapté aux réalités locales. Car si l’exécutif exclut des dates de déconfinement différentes selon les régions, les modalités du retour à la vie normale pourront varier d’un département à l’autre. « Il faut bien avoir à l’esprit que le déconfinement ne sera pas un bloc monolithique. Il se fera par étapes », expliquet-on à l’Élysée où on souligne le rôle majeur des préfets. La règle est simple : « À Paris et aux grandes administrations centrales la stratégie. À eux la mise en oeuvre ». Quelle latitude auront-ils ? Comment les maires, souvent prompts à dégainer des arrêtés, réussiront-ils à accorder leurs violons ? Les Français attendent des réponses précises qui proviennent parfois davantage des élus locaux que de l’État. Très soucieux d’être « en résonance avec la Nation », Emmanuel Macron devra se montrer particulièrement clair dans ses choix. Alors que la santé des Français et la survie de notre économie sont en jeu, il n’a pas le droit à l’erreur le mai. En cas d’échec du déconfinement, c’est vers lui et non vers les maires que les Français se tourneront.