Les restaurants du port de Saint-Laurent en péril ?
Avec 30 établissements de métiers de bouche, c’est un endroit d’ordinaire, très fréquenté. Depuis mi-mars : tout est fermé. Sans date précise de réouverture, l’inquiétude des patrons est palpable
Avec une baisse évidente du chiffre d’affaires qui est à prévoir, même avec un personnel réduit, est-ce que les entreprises atteindront leur seuil de rentabilité ? ». C’est la question que se pose Jean-François Viale, le président de l’association des commerçants de Saint-Laurent-duVar : Port 17. Un endroit où, d’ordinaire, règne la gastronomie, la fête. Mais, comme dans toute la France, depuis le dimanche 15 mars : les 30 établissements de métiers de bouches présents sur le port laurentin, sont portes closent. Quant à la date de réouverture… Mystère. Pour le moment, tous les restaurateurs naviguent à vue [Lire Nice-Matin de mardi].
« Rien n’a été prévu pour nous »
« Quelle est l’entreprise qui peut se permettre de rester fermée quatre mois et demi ? ». C’est l’une des interrogations de Franck Renault. Il est gérant du Bistro Quai, une adresse bistronomique implantée au coeur du port de Saint-Laurent-du-Var. « J’ai, a minima, 15 000 euros de frais divers qui partent tous les mois. Je suis indépendant et je fais plus d’un million d’euros de chiffre d’affaires par an. Donc, je n’ai pas accès à l’aide de l’État. Nous n’avons pas l’argent pour assumer deux à trois mois d’inactivité. Je tape dans la trésorerie, mais elle ne grossit pas. Rien n’a été prévu pour nous. »
Même avec toutes les incertitudes qui persistent et le trou dans la caisse, l’homme n’est pas du genre pessimiste. Il ne pense pas à de possibles licenciements pour ses douze employés, tous au chômage technique. Et même pour le redémarrage : l’espoir est là. « Je travaille essentiellement avec des locaux. Ils ont été privés de restaurants pendant un trimestre, ils reviendront quand ils le pourront », espère-t-il. Pour Franck Renault, l’été qui approche est une bonne chose. « Je vais pouvoir utiliser la terrasse. Si on me permet d’avoir 70 places assises [sur 110, ndlr] avec une rotation, je remplis ma mission ». Ainsi il limiterait la casse. Si et seulement si, les établissements peuvent recommencer leur activité au plus tard à la mi-juin. « L’État ferait un grand geste pour nous, si on pouvait maintenir des salariés en chômage partiel pendant un à deux mois après la reprise. Sinon, on ne pourra pas supporter les charges salariales. »
Le patron du Bistro Quai persiste et signe : « L’hôtellerie et la restauration sont les deux secteurs qui souffrent le plus en ce moment ».
À quelques mètres de là, Stéphane Carles, lui, se prépare pour rouvrir début juin. Mais, le patron du Leedy’s reste perplexe quant au futur. « Je pense que les clients vont mettre du temps à revenir. Nous sommes un restaurant semi-gastronomique, notre clientèle n’est pas spécialement jeune. Le midi, nous avons des locaux mais aussi beaucoup d’employés des alentours et avec le télé travail… », s’inquiète-t-il. Sans compter que pour l’homme – qui a eu plusieurs commerces sur le port depuis 25 ans – l’été n’est pas la pleine saison pour lui. «Ilfait trop chaud. Pour nous, les gros mois c’est avril, mai, juin et septembre, octobre. » Pour l’heure, les conditions de réouverture restes floues. « J’aimerais savoir comment on va faire avec la promiscuité dans la cuisine par exemple. Est-ce que la médecine du travail va pouvoir tester les employés ? Sans compter que nos clients ne peuvent pas manger avec les masques », s’interroge Stéphane Carles. En attendant des réponses, le gérant du Leedy’s « tape dans la trésorerie » et espère voir rapidement le bout du tunnel.