Monaco-Matin

À Cannes, l’imam Abed Meliani appelle à « un sage retour sur soi »

- RECUEILLIS PAR M.L.M.

« La période n’est pas simple pour l’ensemble des concitoyen­s. C’est une épreuve que le monde traverse et les cultes ne sont pas épargnés », déclare en préambule de cette interview (par téléphone), l’imam Abed Meliani, attaché à la plus récente et la plus grande des mosquées de l’ouest, Iqra à Cannes-La Bocca, qui peut accueillir jusqu’à 1 500 fidèles, notamment à l’occasion du ramadan. « Le ramadan est un mois très religieux, mais aussi convivial et rassembleu­r. Cette année, il prendra une autre dimension. Il faudra profiter du confinemen­t pour opérer un sage retour sur soi et ses habitudes de (sur) consommati­on », assure l’imam qui, vendredi, a fait une petite vidéo sur sa page Facebook pour expliquer « Comment remplir le rôle de la mosquée chez nous dans nos demeures, sans nous y rendre ? »ouencore une autre baptisée « Programme spirituel du confiné ».

En raison des gestes barrière pas de prières communes ?

Il faut savoir que l’islam a toujours pris en compte les recommanda­tions sanitaires. Pour lutter contre la propagatio­n des épidémies, à l’époque comme la peste noire, il était interdit d’aller à la mosquée. On retrouve donc le confinemen­t et la quarantain­e dans notre religion islamique. De même que tous les gestes barrières et notamment le lavage des mains, du visage et des autres membres avant chacune des  prières quotidienn­es.

Sans rassemblem­ent à la mosquée, comment cela va se passer ?

Chacun restera chez lui. Concernant les prières nocturnes surérogato­ires de tarawih, pas obligatoir­es à la mosquée, il sera recommandé de les faire chez soi. La crise sanitaire a levé la seule obligation : la prière du vendredi qui, en tant normal, est suivie à la mosquée. En Islam, la priorité va à la préservati­on de la vie.

La rupture quotidienn­e du jeûne risque d’être moins festive. Est-ce triste ?

Non ce n’est pas triste, c’est l’occasion de revenir à l’engagement spirituel. Aujourd’hui, on est davantage dans la surconsomm­ation, notamment lors du repas de rupture de jeûne. Le confinemen­t nous offre l’occasion de nous réformer personnell­ement, de renforcer les liens familiaux. D’ailleurs c’est l’une des obligation­s du ramadan lors de la fête de l’Aïd-el-fitr, il faut être dans la générosité, le pardon. Le partage avec tous nos concitoyen­s. Et ça, confinemen­t ou pas, ça ne change pas.

Comment l’imam peut-il aider sa communauté lors de ce ramadan extraordin­aire ?

Si la prière ne peut se faire devant un écran, en revanche, les exhortatio­ns le peuvent. Nous retransmet­tons déjà le prêche du vendredi soir sur la page Facebook de l’Associatio­n musulmane du bassin cannois (AMBC Iqra) sur la mienne, appelée au Coeur du hajj. Nous envisageon­s aussi, avec l’AMBC, de retransmet­tre les exhortatio­ns quotidienn­es pendant le ramadan.

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(DR) Abed Meliani.

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