Monaco-Matin

Louise Verneuil

- Jboursicot@nicematin.fr

Elle a patienté pendant des années. Elle s’est cherchée, elle s’est plantée. Puis elle a fini par trouver le bon ton pour s’exprimer et fait les bonnes rencontres pour éviter d’être téléguidée. À 31 ans, cette native de l’Ariège, arrivée à Antibes à l’âge de 10 ans, débarque avec Lumière noire, un premier album arrivé en plein confinemen­t, le 10 avril dernier. Mauvais timing, après une longue gestation ? Pas forcément, à en croire la jeune femme, plutôt enchantée par les échos réservés à ce premier « bébé ». « Je suis très émue de voir l’accueil qui lui est réservé, de la part de la critique ou du public. Certaines de ces chansons, je les portais en moi depuis longtemps. Je suis heureuse de voir qu’elles touchent des gens. C’est ma victoire. »

Boostée par Bertignac

Une victoire pas si simple à se dessiner. Après avoir brièvement fréquenté l’École de journalism­e de Nice, celle qui se

‘‘ nomme en réalité Pauline Louise Benattar s’était retrouvée dans la « machine » The Voice, pour la première saison française, en 2012. Gros jet-lag après trois ans en République dominicain­e, où elle s’était retrouvée « par amour ». Le show de TF1 ? Pas son monde, pas une réussite. « Mais dans le négatif, il peut jaillir quelque chose de positif. J’ai croisé la route de Louis Bertignac. Il m’a donné de l’élan, il m’a incité à écrire mes propres textes. »

Autodidact­e, Louise Verneuil (un pseudo évoquant le nom de la rue où vivait Serge Gainsbourg, l’une de ses idoles) compose également. Ceux qui ne verraient en elle qu’un joli minois et la compagne du leader des Arctic Monkeys, Alex Turner, en sont pour leurs frais. Marquée par toute une série d’icônes à la gueule d’ange, elle l’est assurément. Certains convoquent Françoise Hardy, Jane Birkin ou

Marianne Faithfull après avoir entendu L’Évadée belle puis Blue Sunday, où elle module de l’anglais ou du français. L’intéressée apporte une nuance : « Je ne me suis jamais rêvée en muse. Être inspirante, c’est bien. Être inspirée, c’est mieux », nous lâche-t-elle avec malice depuis Londres. Côté look, on pense aussi à ces figures magnétique­s, sensuelles et libres des Swinging sixties. « Mais je ne triche pas, c’est mon style. Ma mère a toujours adoré les friperies, elle m’a transmis ce goût. »

Ambiances, matières, couleurs...

Signée sur le label Mercury, la Sudiste séduit avec sa voix rauque, délicateme­nt éraillée, comme sur Désert ,ou Love Corail et son clip empli de mélancolie heureuse. Lumière noire marque un passage à l’âge adulte, avec son lot de passions, de déchiremen­ts. De deuil aussi, sa mère est partie depuis deux ans. Elle et son père l’ont poussée dans ses rêves. « Ils ont toujours voulu que j’aille vers quelque chose qui me rendrait fière et heureuse. » Au moment de citer ses influences, « sans doute réelles, mais inconscien­tes », Louise préfère parler « d’ambiances ». « Ou de matières comme la soie, le velours, le cuir... »

Elle évoque aussi Samy Osta, producteur discret, mais chevronné pour La Femme, Feu ! Chatterton ou Juniore. « Il est apparu sur ma route à un moment où j’en avais besoin. J’ai mis mon coeur et mes tripes sur ce disque. Lui m’a amenée là où je voulais, sans me bousculer. Pour moi, c’est comme s’il était de ma famille, maintenant. » Ces deux-là ont le même langage, rempli de références cinématogr­aphiques et d’instrument­s vintage qui créent de belles couleurs. Chic palette.

Être inspirante, c’est bien. Être inspirée, c’est mieux.”

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(Photo Emma Picq) La chanteuse était à l’affiche du Printemps de Bourges  et devait donner plusieurs concerts en Angleterre, en première partie de Juniore. Partie remise...

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