Les vignobles au bord du gouffre
Les viticulteurs en ont le vertige : au niveau européen, la fermeture des cafés et restaurants « pourrait entraîner une réduction de 35 % du volume des ventes », une perte qui s’élèverait même à « plus de 50 % en valeur », a déclaré jeudi Pau Roca, directeur général de l’Organisation internationale du vin (OIV). Qui plus est, les pays méditerranéens seront « probablement plus touchés que les autres », selon lui. Pour deux raisons : « Tout d’abord la plus forte incidence de bars, de restaurants et de cafés avec terrasses, et deuxièmement, la suppression radicale de l’industrie touristique très développée, qui sera fortement limitée, même une fois que le confinement aura pris fin ». Les trois premiers producteurs mondiaux de vin en 2019, l’Italie, la France et l’Espagne, représentaient à eux seuls 25 % de la consommation mondiale de vin l’an dernier.
Si l’OIV constate par ailleurs une augmentation des ventes dans les épiceries et supermarchés, elle ne compense pas les pertes en lien avec la restauration, entre autres car l’offre y est davantage tournée « vers des prix bas et homogènes ».
« Après les taxes de Trump, qui ont planté une partie des entreprises viticoles, aujourd’hui avec la fermeture des restaurants, la fermeture des salons, la fermeture des caveaux, la fermeture de la vente dans les exploitations, les viticulteurs français sont en train d’être totalement asphyxiés », s’est également alarmé jeudi le ministre français de l’Agriculture, Didier Guillaume.
Alors que l’Europe a proposé mercredi de nouvelles mesures pour d’autres secteurs agricoles en crise, comme le lait et la viande, le ministre espère désormais un geste pour la viticulture de la part de la Commission européenne. Les coopératives viticoles françaises, italiennes et espagnoles, qui revendiquent au total la moitié de la production européenne, ont demandé mercredi à la Commission « l’ouverture sans délai d’une distillation de crise européenne de 10 millions d’hectolitres dotée d’un budget exceptionnel européen de 350 millions d’euros ».