Monaco-Matin

Malgré les doutes, les palaces veulent rouvrir

Moteur de l’économie azuréenne, l’hôtellerie de luxe se dit prête à repartir, partout, sous dix jours. Mais à l’aveugle, notamment en raison de l’impact lié aux fermetures des frontières

- JEAN-FRANÇOIS ROUBAUD

On s’est mis en situation de pouvoir rouvrir sous dix jours, dès lors que l’on nous donnera le feu vert », assure Serge Ethuin, le directeur de l’hôtel Métropole , à Monaco.

S’ils ne représente­nt que trente-quatre des quelque 650 hôtels de la Côte d’Azur, les palaces et 5 étoiles sont des moteurs d’importance pour l’économie du territoire. Moteur que les acteurs concernés espèrent pouvoir relancer avant mijuin.

Malgré les annonces du gouverneme­nt, vendredi, les directeurs de palaces sont tous dans l’expectativ­e. « Rouvrir est notre volonté absolue. Mais tant que la restaurati­on ne sera pas autorisée, c’est impensable », confie Bruno Mercadal, directeur du Royal-Riviera ,à Saint-Jean-Cap-Ferrat (lire ci-dessous).

La quadrature du cercle ! Rouvrir mais pour qui ? C’est la grande question.

Précaution­s sanitaires impérative­s

Nombre de ces palaces travaillen­t avec une clientèle étrangère fortunée dont on ignore si elle pourra – fermeture des frontières oblige – venir cet été sur la Côte : « Le marché russe et celui de la péninsule arabique sont très importants pour nous. L’annonce de la suspension, cet été, de plusieurs vols internatio­naux à Nice [les deux liaisons avec les États-Unis et le vol pour la Chine, entre autres] n’est pas de nature à nous rassurer. »

Pour autant, l’hôtellerie de luxe se prépare. Partout, de nouveaux processus d’accueil, susceptibl­es d’être en conformité avec les exigences sanitaires de l’Agence régionale de santé et de rassurer la clientèle, ont été mis en oeuvre. Au Métropole, à Monaco, comme au Negresco à Nice, des investisse­ments ont été consentis pour garantir la sécurité des salariés et des clients : « Nous avons acquis des machines de nettoyage vapeur afin de procéder, dans toutes les chambres et dans les lieux de vie de l’hôtel, à des désinfecti­ons régulières, détaille le directeur du palace niçois, Lionel Servant. Il va falloir nous réinventer aussi ! » Tel est l’autre leitmotiv de la profession. Et depuis un mois, les séances de brainstorm­ing (réflexion collective) sont permanente­s. «Onya planché sur les tarifs. Beaucoup

envisagent des offres exceptionn­elles, du moins pour les réservatio­ns de l’été. Jusqu’à moins 20 % », précise-t-il. D’autres, comme Serge Ethuin, à Monaco, misent sur des packages incitatifs avec ce qu’il appelle des « add value » : « C’est un peu le principe du surclassem­ent. »

Tous, en tout cas, cherchent un angle pour convaincre leur clientèle de venir malgré tout profiter du confort, du luxe et de la sérénité de leur établissem­ent : « Nous travaillon­s sur des offres familles, en partant du principe que la priorité de nos clients, qui ont été séparés de leurs proches à cause du confinemen­t, sera de se retrouver », confie Serge Ethuin. À Nice, Lionel Servant envisage, lui, de créer l’événement dans son palace en y invitant personnali­tés et influenceu­rs qui, tout à la fois, seront l’animation de l’été et participer­ont à la promotion de la Côte d’Azur en version « après, c’est toujours aussi hype ».

« Notre devoir, c’est d’être là »

Recréer du désir et rassurer les clients. Mais toujours en croisant les doigts… S’ils ont tous revu leur offre, nul ne sait ce que sera la demande : « Ce ne sont que des prévisions, confie le jeune patron du Métropole. Mais en cas de réouvertur­e en juin, on ne table pas sur plus de 14 à 16 % de taux d’occupation. » Au Royal-Riviera de Saint-Jean, la chanson est identique pour Bruno Mercadal : « On commence à avoir quelques réservatio­ns de Franco-Italiens. Les Anglais n’ont pas encore annulé. Mais ce sera très compliqué. Pour autant, le devoir qui est le nôtre vis-à-vis de ce territoire d’exception, et de nos salariés, c’est d’être là, ouvert dès qu’on nous le permettra ».

La rumeur pourtant court que certains feront le choix de ne pas ouvrir. Rouvrir, cela signifie renoncer à la solidarité nationale – chômage partiel –, assumer de nouveau les charges de personnel pour un espoir de chiffre d’affaires en retrait d’au mieux 50 %.

Sur la Côte d’Azur, cette tentation toute comptable ne semble toutefois pas de mise. Mieux, au Métropole de Monaco, Serge Ethuin prend un engagement ferme : « En tant que patrons, nous sommes tous inquiets et je me mets dans la peau de nos personnels. Je peux vous certifier aujourd’hui que, quelle que soit la couleur de l’après, il n’y aura aucun licencieme­nt, je dis bien aucun, dans nos équipes ! »

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(Photo Cyril Dodergny) Lionel Servant, directeur du Negresco à Nice.
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(DR) Serge Ethuin, hôtel Métropole à Monaco.

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